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Justice

Assassinat d'un couple de policiers : qui sont les deux hommes mis en examen ?

Saad Rajraji et Charaf-Din Aberouz avaient été condamnés dans la même filière que le meurtrier de Magnanville. Ils ont été placés en détention provisoire.
A Magnanville, mardi. (Photo Stéphane Remael)
publié le 19 juin 2016 à 18h03

Après 96 heures de garde à vue, deux hommes ont été mis en examen samedi soir dans l’enquête sur le double assassinat d’un policier et de sa compagne. Lundi, en fin de journée, Larossi Abballa, 25 ans, les a tués à leur domicile de Magnanville (Yvelines) avec un couteau, puis a revendiqué son geste au nom de l’Etat islamique dans une vidéo postée sur Facebook.

Le jihadiste, abattu lors de l'assaut du Raid, avait déjà été condamné en 2013 pour ses liens avec une filière d'envoi de combattants dans les zones tribales pakistanaises. A ses côtés, figuraient notamment Saad Rajraji et Charaf-Din Aberouz, les personnes arrêtées mardi matin, placées en détention provisoire et poursuivies pour «association de malfaiteurs terroriste» criminelle. Ce qui semble indiquer un rôle très secondaire dans l'attaque mortelle, les juges du pôle antiterroriste du tribunal de grande instance de Paris n'ayant pas retenu une complicité directe à ce stade.

Le parquet a ouvert une information judiciaire notamment pour «assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique», «complicité» et «séquestration d'un mineur de moins de 15 ans», en lien avec une entreprise «terroriste». Abballa avait retenu en otage l'enfant du couple, un garçon de 3 ans, après avoir tué ses parents.

Le trio Abballa, Rajraji et Aberouz se connaît de longue date. Dans le quartier des Musiciens aux Mureaux, où a grandi et vécu Larossi Abballa, le nom de Charaf-Din Aberouz, aujourd'hui âgé de 29 ans, revient souvent à l'évocation du parcours radical du premier. Lui s'était rendu au Pakistan pour rencontrer un cadre d'Al-Qaeda et avait écopé d'une peine de prison de cinq ans, tout comme Rajraji. Personnalité charismatique, Aberouz était décrit par certains comme l'émir du groupe. C'est lui qui avait égorgé des lapins lors de leur séance d'entraînement dans des parcs de la région parisienne.

Son séjour en prison, jusqu'au 12 novembre 2015, ne l'a visiblement pas fait dévier de sa trajectoire jihadiste. L'administration pénitentiaire avait remarqué à plusieurs reprises son comportement prosélyte de «recruteur» et l'a régulièrement déplacé d'établissement, selon le Point. En février 2012, il rassemble une quarantaine de détenus autour de lui lors de la promenade et s'exprime «dans le plus strict silence des détenus présents qui semblaient conquis et admiratifs». Un an plus tard, les surveillants mentionnent son comportement «violent dans ses rapports avec les "mécréants"». Toujours d'après l'administration pénitentiaire, il se serait même réjouit de l'assassinat d'Hervé Gourdel par un groupe jihadiste en Algérie, fin 2014.

Saad Rajraji, 27 ans, occupait lui aussi une place centrale dans la filière de 2011. Lors de l'audience, ce technicien en électronique avait expliqué : «Ce qui m'a le plus attiré, c'est qu'en parlant de ce sujet [le jihad, ndlr] sur le Web, j'étais populaire, on me disait que j'étais courageux, j'avais une estime de moi encore jamais connue.» Une liste de noms de policiers comprenant leur fonction et leurs adresses professionnelles aurait été découverte à son domicile lors des perquisitions.