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Libération
Billet

Juppé, la bulle et la tortue

publié le 19 juin 2016 à 19h51

Il n’y a pas (encore) le feu dans la maison Juppé, mais la flamboyance sondagière du maire de Bordeaux n’est plus si incontestable. S’il reste le grand favori de 2017, la primaire de la droite et (un peu) du centre se dessine moins aisée à franchir qu’il n’y paraît. Alors que Nicolas Sarkozy est clairement à l’offensive et grignote des points, usant de son statut de président du parti Les Républicains et droitisant son discours autant qu’il le juge utile, Alain Juppé semble peiner à enclencher la vitesse supérieure. Il est rare que ce soit lui qui donne le tempo des débats du moment et ce n’est pas sa parole qui donne plus qu’une autre le la dans son camp. Il n’en garde pas moins une avance confortable au second tour de la primaire.

Mais, de plus en plus, la question se pose, au-delà des seuls cercles sarkozystes : tiendra-t-il la distance quand «Nicolas» passera, lui, en mode free-fight ? Aura-t-il la gnaque pour en découdre lors des débats télévisés, face à des concurrents qui auront tous du retard à remonter et intérêt à le faire trébucher ? On saura alors si le phénomène Juppé est bien une vague et pas simplement une bulle. La stratégie de la tortue, confortablement à l’abri dans sa coquille, risque de trouver ses limites quand Sarkozy descendra concrètement dans l’arène et mobilisera matin midi et soir, sans s’embarrasser de grand-chose.

Le flegme contre la hargne ? Il y a quelques jours, Juppé a haussé le ton : «Je connais […] la façon dont [Sarkozy] utilise contre toute éthique les moyens du parti pour faire campagne. Il y a là un vrai problème de morale.» Sarkozy a dû se dire «ça m'en touche une sans faire bouger l'autre». C'est du Chirac.