Menu
Libération
Euro 2016

Le supporteur russe Alexandre Chpryguine fait la nique aux autorités françaises

La justice avait expulsé cet ultranationaliste après les violences en marge du match Angleterre-Russie. Mais il a publié sur son compte Twitter une photo de lui devant le stade de Toulouse, lundi soir, avant d'être placé en garde à vue.
Le leader du groupe des supporters russes Alexandre Chpryguine, à Moscou le 18 juin 2016 après son expulsion de France (Photo VASILY MAXIMOV. AFP)
publié le 20 juin 2016 à 22h08
(mis à jour le 20 juin 2016 à 22h29)

L'ultranationaliste russe Alexandre Chpryguine, expulsé de France samedi après les violences en marge de la rencontre de l'Euro 2016 Angleterre-Russie à Marseille, a été interpellé lundi soir à Toulouse, a affirmé le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet. «Interpellé dans le stade, Alexandre Chpryguine a été placé en garde à vue et sa situation va faire l'objet soit d'un traitement administratif, soit d'une procédure judiciaire», a-t-il dit.

«J'ai seulement été expulsé, mon visa Schengen n'a pas été annulé, tous les tampons sont là. Je peux légalement me trouver en Union européenne. Je suis au match avec un billet. Il n'y a rien d'anormal», a de son côté déclaré au téléphone à l'AFP Alexandre Chpryguine avant d'être interpellé. «Parmi ceux qui ont été expulsés, quatre sont revenus» en France, a également déclaré Chpryguine à l'AFP en assurant avoir «fait le chemin à travers les Alpes», donc via la Suisse.

Alexandre Chpryguine avait en effet affirmé, un peu plus tôt dans la soirée, être dans le stade où se joue le match de poule de l'Euro 2016 Russie-Pays de Galles (0-3). Il avait en outre publié sur son compte Twitter des photos (dont une devant le stade, légendée : «Devant le stade municipal de Toulouse, j'ai rencontré les consuls de Marseille dont je suis devenu très proche») et des vidéos de l'intérieur du stade à l'appui de ses déclarations.

Selon un journaliste de Télérama, les autorités s'attendaient à un scenario de ce type.

Voilà qui est embarrassant pour les autorités françaises. Mais il y a pire : le 1er mars dernier, Alexandre Chpryguine, en tant que président de la Fédération des supporteurs de foot panrusse, a rencontré à Moscou le consul général de France, Marc Sédille. Un rendez-vous dont la France n'a plus du tout eu envie de se vanter après les violences du 11 juin et la décision de la justice française, le 18, d'expulser Alexandre Chpryguine et une vingtaine de ses camarades.

D'ailleurs, a remarqué Télérama, l'ambassade française dans la capitale russe a retiré de son site le compte-rendu (poliment intitulé «Une rencontre amicale et constructive entre le consulat général et l'association des supporteurs russes») et la photo de la rencontre entre le consul et le supporteur, apparemment le 13 juin, soit deux jours après les violences. Télérama a d'ailleurs exhumé la photo de cette rencontre «amicale et constructive», donc.

Capture d'écran de la photo de «Télérama» représentant notamment Alexandre Chpryguine et Marc Sédille, en mars 2016 lors d'une rencontre à Moscou.

Par ailleurs, rapporte encore Télérama dans une enquête fouillée, malgré la réputation violente d'Alexandre Chpryguine, plusieurs édiles français l'ont reçu, notamment à la préfecture des Bouches-du-Rhône. Lors de son expulsion le 18 juin, il a brandi avant de monter dans l'avion un drapeau russe, racontent encore les journalistes de l'hebdomadaire. Avant d'être accueilli en héro à l'aéroport de Moscou... et de se faire, quasi-aussitôt, la malle pour revenir faire, en plein état d'urgence, un pied de nez – on est polis – aux autorités françaises.

Profil : Alexandre Chpryguine 

Président de l'association des supporteurs russes, collaborateur du député Igor Lebedev – membre du parti d'extrême droite LDPR–, Alexandre Chpryguine a déjà été vu en compagnie du président russe Vladimir Poutine. Il a aussi été photographié par le passé en train de faire un salut nazi en compagnie d'un musicien d'un groupe de rock d'extrême droite russe. Il réfute être un sympathisant nazi et se qualifie de «patriote».