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MAM, troll de la primaire LR

Michèle Alliot-Marie, ministre de l'Intérieur au moment où éclate l'affaire. (Photo Patrick Bernard. AFP)
publié le 20 juin 2016 à 20h21

Pauvre Général. Voilà qu’une gaulliste autoproclamée et passablement démonétisée se réclame de son héritage pour légitimer une manœuvre politicienne. Comment comprendre que Michèle Alliot-Marie annonce sa candidature à l’élection présidentielle, alors même qu’elle ne peut espérer qu’un rôle de figuration ? Entre 2002 et 2011, elle a enchaîné tous les ministères régaliens, de la Défense aux Affaires étrangères. Sa carrière est derrière elle. On voit mal quelle promotion elle pourrait espérer au lendemain d’une élection déjà très encombrée. En comptant Nicolas Sarkozy, la primaire de la droite compte désormais une quinzaine de candidats.

Ce qui caractérise MAM, au moins autant que son «gaullisme», c’est son hostilité à Juppé, le favori des sondages. Outre les rivalités anciennes remontant au temps du RPR, le nom du «fils préféré» de Chirac réveille en elle le souvenir humiliant de sa sortie du Quai d’Orsay en février 2011. Forcée à la démission après la révélation de ses liens avec l’ex-président tunisien Ben Ali, elle avait été remplacée par Juppé. Plutôt avantageusement, comme le confiaient alors de nombreuses sources diplomatiques.

Selon le Monde, Alliot-Marie devrait préciser ses intentions début juillet. En attendant, elle tient à faire savoir qu'à ses yeux, la candidature à la présidentielle de mai 2017 ne passe pas nécessairement par la primaire de novembre 2016. Comme Henri Guaino, candidat gaulliste déjà déclaré, l'ex-ministre se dit très réservée sur cette présélection qui empêcherait la fameuse «rencontre d'un homme et de son peuple», inusable poncif du gaullisme contemporain. L'eurodéputée consentirait tout de même à participer à la primaire si elle a la certitude qu'elle n'est pas verrouillée. Sage précaution car malgré sa longue et riche carrière, elle n'est pas certaine de réunir suffisamment de parrainages d'élus pour valider sa candidature. Qu'importe, elle aura atteint son but si elle contribue à brouiller l'image d'une élection sur laquelle Juppé a tout misé. Trop de candidats, des règles du jeu contestées, une trahison du gaullisme… MAM trolle la primaire LR et cela ne présente que des avantages pour Nicolas Sarkozy qui parie, lui, sur sa légitimité de chef de parti.

MAM est une récidiviste. En décembre 2006, alors qu’elle était ministre de la Défense de Chirac, elle avait défendu pendant quelques semaines sa «candidature» à l’élection présidentielle. Elle disputait alors à Sarkozy l’investiture de l’UMP dans le cadre d’une primaire. Elle ne semblait pas considérer, à l’époque, que cela fût en contradiction avec «l’esprit» du gaullisme. Et puis elle avait renoncé, laissant Sarkozy seul candidat. A en juger par son parcours ministériel entre 2007 et 2011, elle n’avait pas eu à le regretter.