Certes, c’est moins que le tabac avec ses 80 000 décès par an, mais les dégâts causés par la pollution de l’air sont aujourd’hui presque aussi importants que ceux provoqués par l’alcool : 48 000 morts par an, directement imputables à la pollution aux particules fines en lien avec l’activité humaine, comme le transport, le chauffage ou toute autre combustion.
Cela correspond pour une personne de 30 ans à deux ans d'espérance de vie en moins. «La pollution de l'air est ainsi aujourd'hui le troisième facteur de risque», explique François Bourdillon, directeur de la nouvelle Agence de santé publique, qui a publié mardi une série d'études réalisées pour la première fois à partir de données françaises et non européennes.
Les chercheurs ont travaillé à partir de deux grandes cohortes, dont l'une de l'EDF qui regroupe près de 30 000 personnes. Puis ils ont segmenté selon leur lieu de vie. Résultat : pour les habitants des villes de plus de 100 000 habitants, l'exposition aux fines particules provoque une perte de 15 mois d'espérance de vie à 30 ans. Elle baisse à 10 mois pour ceux qui vivent dans des petites villes, et dans les zones rurales, ce sont en moyenne 9 mois d'espérance de vie qui sont perdus. «C'est la première fois que l'on note clairement la pollution de l'air en zone rurale. Par ailleurs nos travaux montrent clairement que les pics de pollution sont beaucoup moins dangereux sur la santé que l'exposition chronique», résume Bourdillon.
Second volet de ces travaux : y a-t-il des choses à faire, et si tel est le cas, quel gain pourrait-on en tirer ? «Si toutes les villes réussissaient à atteindre les concentrations des communes les moins polluées, 34 000 décès pourraient être ainsi évités», note l'Agence de santé publique. 14 900 décès en moins dans les villes de plus de 100 000 habitants, 11 300 décès en moins dans les villes de 10 à 100 000 habitants, et 800 décès enfin évités en zone rurale. Des morts certes invisibles, mais bien réelles. É.F.