«Sidérée», «scandalisé», «indigné», «solidaire». Dans les rangs du gouvernement comme de l'opposition, de la CGT à FO, en passant par l'Unsa, chacun condamne les dégradations commises contre le siège de la CFDT. Jeudi, après la journée de mobilisation contre la loi travail, une centaine de personnes en manifestation non autorisée dans le nord de Paris ont dégradé la façade du siège de la centrale «réformiste» situé dans le XIXe arrondissement, à Belleville. Des vitres ont été brisées et taguées en lettres rouges : «C'est fini de trahir», ou encore «collabos». «Des tags insultants et nauséabonds», dénoncés par la CFDT, principal soutien syndical à la réforme. Mais aussi par la CGT, qui qualifie ces actes d'«inadmissibles et condamnables». Ou encore par FO, l'Unsa et la CGC.
Dans un communiqué envoyé dans la nuit de jeudi à vendredi, la CFDT précise que ses locaux «ont été vandalisés ce jeudi 23 juin par des individus cagoulés, alors qu'un salarié se trouvait encore dans le bâtiment». «Vu l'ambiance en ce moment, un gardien reste toute la nuit dans le bâtiment. Mais il se trouvait dans les étages et n'a rien vu. Il a entendu un gros bruit. Cela a été très rapide et il n'y a pas eu d'intrusion dans nos locaux», précise la CFDT à Libération. Suite à ces dégradations, neuf personnes ont été «aussitôt» interpellées dans la soirée, selon un communiqué du ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui condamne «avec la plus grande fermeté» ces «dégradations inacceptables». Une plainte a par ailleurs été déposée par la CFDT. Son secrétaire général, Laurent Berger, sera par ailleurs reçu par Cazeneuve, ce vendredi, à 14h30.
Un climat déjà tendu
Si cette «violence verbale et physique inadmissible et insupportable pour les militants comme pour les salariés de la CFDT» a surpris le syndicat, elle s'inscrit toutefois dans un climat déjà tendu. «Depuis le début des manifestations, nous sommes prudents, car nous ne sommes pas sourds aux propos agressifs à notre égard», pointe Véronique Descacq, numéro 2 de la centrale. D'autant que ces dernières semaines, les attaques contre la CFDT se sont multipliées en région, sous forme d'injures à l'encontre des militants, dans les entreprises et sur les réseaux sociaux, ou encore de dégradations de plusieurs locaux, précise le syndicat. Lors de la précédente manifestation parisienne, un drapeau CFDT a également été brûlé. «La semaine dernière, du matériel a été cassé à Toulouse. A Grenoble, des militants ont pénétré à l'intérieur de nos locaux, faisant peur aux salariés et empêchant une réunion de se tenir. A Lille, les salariés sont régulièrement insultés», liste Descacq.
Des actes à mettre en parallèle avec les attaques répétées, ces derniers jours, contre les locaux des sections PS ? «Les ennemis de la démocratie s'en prennent à tout ce qui représente la démocratie et à tous ces symboles, comme les organisations syndicales et les partis politiques, répond Descacq. Ce sont les casseurs qui sont en priorité responsables.» Mais la secrétaire adjointe de la CFDT pointe aussi les «propos plus que déplacés de certains militants syndicaux et de certains militants d'extrême gauche qui ont encouragé voire, dans certains cas, légitimé les violences.» Avant de conclure : «A la CFDT aujourd'hui, il y a un mélange de consternation, d'inquiétude, et en même temps de détermination à défendre notre culture du dialogue et à renforcer la démocratie sociale.»