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Libération

Un FN en fête, des LR aux envies de frontières, un PG avec un plan B

Référendum, refondation, compromis… De la gauche de la gauche à l’extrême droite en passant par tous les candidats de droite à la primaire, les réactions et propositions ont fusé après l’annonce du Brexit.
publié le 24 juin 2016 à 20h21

De Marine Le Pen à François Bayrou, tous les chefs de partis représentés aux parlements national et européen seront reçus ce samedi par François Hollande. C'est une Le Pen euphorique qui devrait se présenter à l'Elysée. Seul grand parti à soutenir officiellement le leave («sortie») le FN a célébré le Brexit à grand bruit. Et réclame plus fort que jamais un référendum du même genre en France. «Ce que nul n'osait envisager il y a encore quelques mois est désormais une réalité qui s'impose à tous : oui, il est possible de sortir de l'Union européenne, a déclaré la présidente du parti d'extrême droite lors d'une conférence de presse, vendredi matin. L'UE pas plus que l'euro ne sont une réalité irréversible.» Sur Twitter, Marine Le Pen et plusieurs autres cadres frontistes affichaient l'Union Jack en lieu et place de leur photo habituelle.

«Refondation»

Pour le FN, le Brexit a l'immense avantage de démontrer qu'une sortie de l'UE est à la fois possible et souhaitable, dans un pays d'importance comparable à celle de la France. «Le processus politique mis en place par David Cameron en initiant ce référendum - et bien que son objectif soit à l'inverse du nôtre - est un copié collé de la proposition de Marine Le Pen», pouvait-on lire mardi dans une note interne adressée par la direction du Front à ses cadres. A l'instar de Cameron, Le Pen promet, si elle est présidente, d'entrer en négociation avec Bruxelles afin d'obtenir des concessions de la part de l'UE, puis d'organiser un référendum sur le maintien ou non de la France dans l'Union. Un programme encore largement impopulaire, selon de récents sondages, mais dont l'audience pourrait grandir avec le Brexit, espère-t-on au FN.

A droite, le ton diffère. Les concurrents engagés dans la primaire regrettent tous le Brexit, mais assurent que le vote des Britanniques doit être «respecté». Chacun de leur côté, Sarkozy, Juppé, Fillon et Le Maire ont décliné les fondamentaux. Ils veulent que soit écartée toute perspective d'adhésion de la Turquie : l'UE doit, selon eux, être capable de contrôler ses frontières pour se protéger de l'immigration extra-européenne. Ils affirment la primauté de la nation et demandent l'application rigoureuse du principe de subsidiarité et exigent une «refondation» de l'UE, les modalités variant selon les candidats.

Nicolas Sarkozy a convoqué un bureau politique lundi, auquel devraient participer les principaux responsables de droite. En attendant, chacun a tenu à se faire entendre dès vendredi. Bruno Le Maire a répété qu'il voulait consulter les Français par référendum sur un «nouveau projet» négocié avec les six pays fondateurs : «Le projet que je propose, c'est des frontières et la défense de nos intérêts économiques.» Alain Juppé est à peu près sur la même ligne, mais il insiste sur le fait que le référendum ne peut être «qu'un aboutissement». Dans une déclaration solennelle, Sarkozy a, lui, estimé que l'heure était à «l'énergie et au leadership», qualités qu'il prétend incarner. Il exige la négociation d'un «nouveau traité» et l'instauration d'un «gouvernement économique de la zone euro» dont le président serait élu par ses pairs. Pour en finir avec «l'Europe technocratique», il estime que la Commission ne devra plus prendre aucune décision sans accord préalable du Parlement européen ou des parlements nationaux.

«Compromis»

Brexit ? Un «casse-tête» pour Jean-Luc Mélenchon. D'un côté, il était opposé à l'Europe de Cameron. De l'autre, la sortie du Royaume-Uni ne l'enchantait guère. Vendredi devant la presse, le candidat à la présidentielle a une nouvelle fois affirmé qu'il souhaitait la fin de «l'Europe des privilèges» et sortir de tous les traités européens. Et Mélenchon de prévenir son monde : «L'Europe on la change ou on la quitte.» Son porte-parole, Alexis Corbière, rappelle que c'est la «cinquième fois qu'un peuple européen dit non à ce que propose l'Europe». Puis, il parle du futur. «La France a les moyens de changer radicalement les choses. Mais si tous les autres pays ne veulent pas ou si le compromis trouvé n'est pas satisfaisant, nous appliquerons notre plan B, la sortie», explique-t-il, avant de conclure : «Jean-Luc Mélenchon a toujours dit que la décision de passer du plan A au plan B reviendrait aux Français par référendum.»