Menu
Libération
Première consultation

Notre-Dame-des-Landes : large victoire du oui à l'aéroport

Les résultats définitifs donnent 55,17% des voix aux partisans de la construction d'un nouvel aéroport.
Sur le chemin d'un bureau de vote, un passant arrache une affiche favorable à l' aéroport de Notre-Dame des Landes en ce jour de référendum, à nantes, le 26 juin. (Photo Adrien Selbert pour Libération)
publié le 26 juin 2016 à 7h27
(mis à jour le 26 juin 2016 à 23h09)

Oui ou non à un aéroport à Notre-Dame-des-Landes? Les habitants de Loire-Atlantique se sont fortement mobilisés dimanche pour trancher sur l'avenir de ce projet controversé, lors d'une consultation inédite en France, voulue par l'exécutif pour sortir de l'impasse ce dossier vieux de 50 ans. En milieu de soirée, à la tombée des premiers résultats qui leur accordaient environ 56% des suffrages, les partisans du oui revendiquaient la victoire. C'était le cas de Philippe Grosvalet, président PS du conseil départemental de Loire-Atlantique: «C'est un résultat sans aucune ambiguïté, qui oblige le gouvernement à engager les travaux» de construction de l'aéroport, a-t-il déclaré. Le peuple a tranché. Ce résultat doit mettre un terme à l'opposition (à ce projet)». Bruno Retailleau, président (Les Républicains) de la région des Pays de la Loire, et président du Syndicat mixte aéroportuaire chargé de ce projet d'infrastructure, a également revendiqué la victoire du «oui». Les opposants à l'aéroport n'avaient plus qu'à espérer que les dépouillements à Nantes et Rézé, poids lours démographiques, inversent la tendance. Ce ne sera pas le cas. Tombés vers 23 heures, les résultats définitifs donnent 55,17% en faveur du oui.

A Notre-Dame-des-Landes, où le taux de participation a atteint 75,04%, les électeurs ont massivement voté pour le «non», avec 73,57%, contre 26,43% pour le oui. L’annonce du résultat par le maire sans étiquette de la commune, Jean-Paul Naud, dans le bureau de vote attenant à la mairie plein à craquer, a été accueilli par des cris de joie et des applaudissements.

A la «Vache rit», une grange devenue le QG de tous les opposants à l’aéroport sur la «Zad», la zone d’aménagement différé rebaptisée «Zone à défendre» par ces derniers, plus d’une centaine d’opposants ont convergé à partir de 20h00, en grande majorité en provenance de la commune de Notre-Dame-des-Landes, mais aussi des sites d’occupation anticapitalistes de la Zad.

Un écran retransmettait la soirée électorale de Télénantes, tandis que les résultats étaient reportés au fur et à mesure sur un tableau noir. Passionnés, déjà déçus pour beaucoup à mesure que semblait se profiler la victoire du «oui», les opposants saluaient le rappel des communes ayant voté majoritairement «Non», ou bien huaient les propos des partisans du projet retransmis par la télévision.

Les 967 500 électeurs du département étaient invités à répondre par «oui» ou par «non» à la question: «Êtes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes?». Les 1 051 bureaux de vote de Loire-Atlantique ont fermé à 18H00 pour la plupart, à 19H00 à Rezé et Saint-Herblain, et à 20H00 à Nantes. Le résultat définitif du scrutin doit être connu en deuxième partie de soirée. Il doit décider des suites à donner à ce projet d'aéroport, né dans les années 60 et déclaré d'utilité publique en 2008.

En cas de victoire du «non», le projet sera «abandonné», en cas de victoire du «oui», les travaux débuteront «dès l’automne prochain», a réaffirmé le Premier ministre Manuel Valls à deux reprises, à l’Assemblée nationale mardi et au Sénat jeudi. Son prédécesseur à Matignon, Jean-Marc Ayrault, l’un des plus fervents défenseurs de ce transfert, a, comme des centaines de milliers d’électeurs du département, pris part au vote.

«La meilleure réponse, c’est la participation»

Le ministre des Affaires étrangères s'est «félicité de cette consultation, décidée par le président de la République». «Je constate que, malgré les critiques, la meilleure réponse, c'est la participation. (...) Lorsqu'on demande l'avis des citoyens, ils le donnent», a-t-il déclaré après avoir glissé son bulletin dans l'urne, dans une école du centre de Nantes. Toute la journée, les électeurs se sont pressés dans les urnes, pour accomplir leur «devoir citoyen», mais avec peu d'espoir que leur voix soient entendues.

Le projet de transférer l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, au sud de la ville, vers le site de Notre-Dame des Landes, à 20 km au nord, est soutenu par les milieux économiques et les collectivités locales, mais se heurte depuis de nombreuses années à une farouche résistance sur le terrain, et devant les tribunaux. Première du genre en France, cette consultation locale avait été annoncée le 11 février par François Hollande, dans l’optique de trancher sur ce dossier, qui empoisonne depuis le début de son quinquennat les relations entre socialistes et écologistes.

Pour organiser ce scrutin un peu «particulier», qui ne nécessite pas un seuil minimum de 50% de participation pour être validé, l’exécutif a dû prendre une ordonnance modifiant le Code de l’environnement. Taillée sur mesure pour Notre-Dame-des-Landes, elle donne aussi la capacité au gouvernement de lancer, sur d’autres projets, des scrutins similaires, et convoquer les électeurs par décret.

Dénonçant une consultation «biaisée» et «illégitime», notamment en raison de son périmètre réduit à la seule Loire-Atlantique, réputée plus favorable au «oui», des associations et des particuliers ont tenté de faire annuler le scrutin par le Conseil d'État. Mais ce dernier l'a déclaré conforme, lors de deux décisions, lundi et mercredi.

«L’aéroport du Grand Ouest», dont la concession a été attribuée en décembre 2010 au groupe de BTP Vinci pour une durée de 55 ans, devait initialement accueillir ses premiers avions en 2017. Les travaux n’ont jamais démarré.