Le «nouveau Canal», présenté lundi par Vincent Bolloré et son orchestre, devrait se fâcher avec beaucoup moins de monde l'an prochain. Comme pressenti, l'impertinent Zapping, devenu ces derniers mois le plus grand opposant interne au patron, et Spécial investigation, l'émission qui aurait pu avoir la mauvaise idée de continuer à enquêter sur les partenaires en affaires du big boss (souvenez-vous de la déprogrammation d'un documentaire sur le Crédit mutuel), ne reviendront pas à l'antenne. Raison officielle ? «Il y a des Zappings sur toutes les chaînes», a expliqué, dans un effort inouï de mauvaise foi, Gérald-Brice Viret, le directeur des antennes du groupe Canal +.
Même motif invoqué pour l'autre perdant du jour : «L'investigation, il y en a sur toutes les chaînes», a lancé le bon soldat Viret.
En septembre, exit aussi les journaux d'actualité. «C'est un choix, a assumé Viret. L'info dans le groupe Canal+, c'est désormais CNews.» CNews ? Le futur nom d'i-Télé, qui donnera «la priorité au décryptage plutôt qu'au sensationnalisme». La chaîne d'info de la boîte, où débarque Jean-Marc Morandini, nouvelle rampe de lancement du journalisme à Canal + ? C'est mal parti. Au moment même où la direction présentait son projet, la rédaction d'i-Télé, mise à la diète par Bolloré, votait la grève contre la suppression annoncée de 50 postes à durée déterminée…
Soyons justes. Des programmes plus ou moins irrévérencieux ont sauvé leur peau : Groland, Catherine et Liliane (avec un nouveau format hebdomadaire) et les Guignols sont confirmés. A quelle heure ? En clair ou en crypté ? Pour quelle durée ? Ces questions n'ont pas été tranchées. La grille de septembre reste très floue, y compris pour les dirigeants.
Une phrase de Maxime Saada, le directeur général du groupe, est à retenir : le «nouveau Canal» va revenir à «un positionnement pop culturel» autour de quelques axes forts : le cinéma, le sport, les créations originales (une deuxième saison de la série Baron noir a été annoncée) et le divertissement. Cette identité aura trois nouvelles incarnations principales. A la tête du Grand Journal, le journaliste Victor Robert, plutôt marqué actu, devra construire, en année électorale, une émission plus culturelle. Allez comprendre. C'est surtout au comédien Cyrille Eldin que reviendra la charge, dans le Petit Journal, de traiter la politique. Par ailleurs, l'animateur Mouloud Achour présentera un nouveau programme quotidien, le Gros Journal.Sur la chaîne de plus en plus cryptée, on verra aussi Jamel, Cyril Hanouna, Augustin Trapenard et Antoine de Caunes.