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Libération
Chronique «Aux petits soins»

Où en est Zika sur le sol français ?

En métropole et dans les territoires d'outre-mer, l'épidémie n'a pas débordé. Avec très peu de cas graves.
Un panneau publicitaire affichant la campagne contre le virus Zika, le 1er février 2016 aux Trois-Ilets, en Martinique. (Photo Nicolas Derne. AFP)
publié le 27 juin 2016 à 14h42

Quoi de neuf sur le front de Zika en France ? On avait le sentiment que le méchant virus avait disparu, ou du moins que d’autres dangers sanitaires avaient pris le devant. C’est en partie exact, mais il reste bien présent, poursuivant son petit bonhomme de chemin épidémique, sans faire pour autant trop de dommages.

Les chiffres d’abord

Selon les dernières données de l'Institut de veille sanitaire (INVS), plus de 460 cas d'infection au virus Zika ont été enregistrés en France métropolitaine depuis le 1er janvier dernier. «Une épidémie à grande échelle reste cependant peu probable, alors que le virus touche des millions de personnes à travers le monde», note l'INVS. La totalité des cas sont importés, c'est-à-dire que ce sont des personnes qui ont été infectées à l'étranger ou dans les territoires d'outre-mer.

Pour ces derniers, la situation est sous contrôle, sans emballement majeur. «La tendance en Martinique est stable, avec une transmission virale néanmoins active dans la majorité des communes de l'île.» De même, en Guadeloupe, où ces dernières semaines entre 2 000 et 3 000 personnes ont développé des symptômes et ont consulté un médecin. En Guyane, l'épidémie recule : le nombre hebdomadaire de cas évocateurs a baissé au cours des dernières semaines. L'épidémie se poursuivant sur les secteurs du littoral guyanais et de l'Oyapock. La situation épidémiologique est inchangée sur le Maroni.

Les conséquences sanitaires, ensuite

Elles sont moins affolantes et importantes qu’annoncé. D’abord, ce rappel qui se confirme : dans prés de 9 cas sur 10, l’infection est sans effet, voire elle passe inaperçue. Elle peut néanmoins se révéler dangereuse chez la femme enceinte, en particulier lors du premier trimestre de la grossesse, pouvant alors provoquer une microcéphalie chez l’enfant à naître. En second lieu, le virus peut entraîner des atteintes neurologiques graves, en particulier le syndrome dit de Guillain-Barré (SGB), qui nécessite une prise en charge médicale lourde, mais le risque s’il existe est faible.

Depuis l’émergence de Zika en Guadeloupe, il y a eu un peu plus d’une centaine de femmes enceintes qui ont eu une confirmation biologique qu’elles ont été touchées. Aucun cas de micro-encéphalie. Aux Antilles toujours, concernant les complications neurologiques, quatre patients atteints du syndrome de Guillain-Barré ont été détectés, sans que l’infection par le virus du zika n’ait pu être confirmée. En revanche, pour quatre cas ayant eu une autre forme neurologique sévère, l’infection a été confirmée. Un patient est décédé sans que la responsabilité de l’infection n’ait pu être formellement établie.

En Guyane, il y a une semaine, un premier cas de microcéphalie lié à Zika a été repéré alors que 595 femmes enceintes y sont infectées par le virus.

La prévention, toujours

Pas de changement dans les conseils. Les autorités sanitaires ont en effet gardé les mêmes recommandations, avec l'usage en particulier systématique des moustiquaires dans les zones à risque. Dans un numéro spécial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), le professeur Eric Caumes rappelle que «le risque a été rapidement considéré comme suffisamment important pour que les autorités françaises recommandent aux femmes enceintes le report de tout voyage en zone d'épidémie et, aux femmes vivant en zone d'épidémie et aux voyageuses en âge de procréer qui s'y rendent, de différer tout projet de grossesse tant que l'épidémie est active. C'était une décision difficile mais, faute de prévention efficace, c'était la seule décision logique».

Cette décision est maintenue. De même, il préconise toujours d’éviter tout rapport sexuel non protégé par un préservatif avec un homme ayant pu être infecté. Au passage, les Antilles notent une baisse significative du tourisme depuis janvier.

La recherche, enfin

La bonne nouvelle a été la découverte par des chercheurs européens de puissants anticorps capables de neutraliser le virus Zika. «Dans des travaux menés en laboratoire, les anticorps ont permis de neutraliser, à la fois Zika et le virus voisin de la dengue, ont indiqué les chercheurs dans la revue scientifique Nature. Ce qui pourrait aboutir au développement d'un vaccin universel protégeant contre les deux maladies.» Cette découverte coïncide avec une autre étude qui suggère que la récente explosion du virus Zika en Amérique latine pourrait avoir été favorisée par une exposition préalable à la dengue. Les virus de la dengue et du Zika ont en effet de nombreux points communs. Et c'est ce qui pourrait expliquer la virulence de l'épidémie de Zika en Amérique latine, où de nombreuses personnes ont également été en contact avec la dengue. Des chercheurs ont pu noter que la plupart des anticorps produits par les personnes infectées par la dengue facilitaient la réplication du virus Zika.

Aujourd’hui, en tout état de cause  il y a un vaccin contre la dengue. Et des vaccins contre Zika sont à l’étude dans de nombreux laboratoires, dont certains ont déjà été testés sur des animaux. L’un d’entre eux, développé par le groupe pharmaceutique Inovio, vient d’annoncer le lancement prochain d’un essai sur des humains avant la fin de l’année.