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Manif

A Paris, la police a encerclé la Bourse du travail

Un petit groupe proche de Nuit debout, refusant de participer à la manif syndicale contre la loi travail en raison des conditions imposées par les forces de l'ordre, est resté "nassé" devant le bâtiment.
Rassemblement «nassé» devant la Bourse du travail, le 28 juin. Les manifestants voulaient rejoindre la cortège place de la Bastille tout en refusant les contrôles de police. (Photo Boris Allin pour Libération)
publié le 28 juin 2016 à 20h18

Bourse du travail, mardi, dans le 10e arrondissement à Paris. Il est midi trente et l'assemblée commence à s'impatienter. Une grosse centaine de personnes, opposées à la manif officielle «en cage», sont réunies depuis le milieu de la matinée pour décider d'une action commune. Le «tour de manège» du 23 juin a laissé un souvenir amer. Occuper les locaux, rejoindre quand même la manif ? Les débats sont animés parmi le petit groupe de salariés, précaires et étudiants. Beaucoup d'entre eux sont proches de Nuit debout. Problème : depuis une demi-heure, la police encercle le bâtiment. Impossible de sortir sans fouille individuelle. «On ne peut pas accepter ça !», explique un militant. «Ils nous contrôlent à République alors que la manif est à Bastille !», s'indigne un autre. Décision adoptée à main levée : sortir en groupe et refuser les fouilles. Quelques minutes plus tard, tout le monde est dans la rue. Les CRS, qui s'étaient reculés, reviennent aussitôt nasser la petite foule. Un militant cégétiste explique alors que Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a appelé le préfet de police pour s'indigner de l'encerclement de la bourse du travail par la police. Sans résultat.

Chamboule-tout

«C'est totalement scandaleux qu'on ne puisse pas accéder à une manifestation qui a été autorisée par le gouvernement. Ils utilisent l'état d'urgence pour nous empêcher de nous exprimer», s'exclame Gaël, secrétaire départemental de Solidaires Hauts-de-Seine. Mais ils n'auront pas de répit pendant le mois d'août. Il y a trop de colère accumulée.» Côté étudiant, la rancœur monte aussi : «Ce ne sont même plus des contrôles, mais des fouilles au corps», s'agace Jérémy, qui dit avoir été fouillé huit fois le 23 juin.

Les heures passent, le moral des personnes présentes remonte au rythme des coups de fil reçus des participants au cortège syndical, parti de Bastille à 14 heures : «Je pense qu'ils vont nous rejoindre, ils sont au courant de la nasse devant la bourse du Travail», explique un étudiant. Peu de temps après, une petite foule commence, en effet, à se former de l'autre côté de la nasse, obligeant les forces de l'ordre à augmenter leurs effectifs. Il y a l'ex-Conti Xavier Mathieu à l'intérieur, l'économiste Frédéric Lordon de l'autre côté. L'ambiance est bonne enfant. Plusieurs ballons, confisqués les uns après les autres, sont échangés au-dessus du cordon de police séparant les deux groupes. D'autres improvisent un chamboule-tout avec des gobelets en plastique.

En fin d’après-midi, l’affluence des personnes revenues de la manifestation oblige les forces de l’ordre à investir la place de la République, située à proximité, et à procéder à plusieurs interpellations. Devant la Bourse du travail, le barrage policier est maintenu, contrôlant les entrées et sorties. Vers 18 heures, plusieurs centaines de personnes, retranchées dans le bâtiment, étaient toujours réunies en assemblée générale.