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Libération
Billet

Balkany invente une fable pour protéger son ami Sarkozy

Le député-maire LR de Levallois invoque le respect du non-cumul et jure n'avoir jamais envisagé d'être candidat en 2017. Or l'ancien chef de l'Etat promet de rétablir le cumul.
Patrick Balkany à l'Assemblée nationale, le 5 mai. (Photo ALain Jocard. AFP)
publié le 28 juin 2016 à 14h37

Balkany est bon camarade. Pour sortir de l’embarras son ami Sarkozy, le député sortant de Levallois-Perret, quatre fois mis en examen, a bricolé une jolie fable censée prouver que la controverse sur son investiture aux législatives des Hauts-de-Seine serait une construction de journalistes malveillants.

Lui, candidat LR en 2017 ? Il n'en aurait jamais été question, assure-t-il dans une «mise au point» publiée sur son compte Facebook. Il rappelle que comme tous les députés-maires, il va hélas devoir choisir d'abandonner l'un de ses deux mandats en 2017, quand entrera en vigueur la loi socialiste anti-cumul. «Jamais je n'abandonnerai mon mandat de maire de Levallois !» proclame-t-il, ajoutant que «tous ceux qui [lui] sont proches, mais aussi toute l'équipe municipale et, surtout, l'ensemble des Levalloisiens, savent que la question ne s'est pas posée un instant».

Pour que les choses soient parfaitement claires, il annonce qu’il demande ce mardi à la Commission nationale d’investiture (CNI), d’investir dès maintenant Agnès Pottier-Dumas, jeune conseillère municipale de Levallois et collaboratrice de Valérie Pécresse à la Région Ile-de-France.

Argument comique

Si cette décision était déjà prise, pourquoi Balkany ne l’a-t-il pas fait savoir la semaine dernière, quand la CNI a décidé de réinvestir tous les députés sortants des Hauts-de-Seine ? Cela aurait mis Sarkozy à l’abri des violentes attaques de ceux qui ne supportent plus les extravagantes protections dont bénéficie le plus discrédité des élus de la République. Plusieurs candidats à la primaire LR, Bruno Le Maire, François Fillon et Hervé Mariton, ont publiquement regretté cette investiture.

Si le maire de Levallois n’a pas annoncé plus tôt qu’il renonçait à la députation, c’est qu’il envisageait bel et bien de passer cinq ans de plus, bien au chaud, à l’Assemblée nationale. Agnès Pottier-Dumas, son ex-attachée parlementaire, n’était effectivement pressentie que dans l’hypothèse, à ses yeux très improbable, d’une défaite de Sarkozy en 2017.

Il est assez comique d’entendre Balkany invoquer l’argument du respect du non-cumul pour justifier sa non-candidature. Car comme tous les députés-maires sarkozystes, il fait le pari que l’ex-chef de l’Etat, aussitôt réélu, rétablira le cumul des mandats. Ce serait même, semble-t-il, l’un de ses toutes premières décisions.

Hasard malheureux du calendrier, il se trouve que c’est justement ce mercredi, à l’occasion d’une convention sur les institutions, que la promesse de cette restauration sera officiellement inscrite dans le projet d’alternance du parti Les Républicains.