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Libération
A la barre

La gifle, l’avocate et l’agent de la DGSI

publié le 29 juin 2016 à 19h51

Elle dit avoir été giflée par un homme. Elle a déposé plainte, il a comparu devant le tribunal correctionnel de Nanterre mardi et le procureur a requis deux mois de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende. Le jugement sera rendu le 6 septembre. L’histoire tenait en trois lignes. Sauf que la femme est avocate, l’homme commissaire à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et que l’altercation s’est produite dans les locaux du service de renseignement intérieur, à Levallois (Hauts-de-Seine), en marge d’une garde à vue antiterroriste.

Le 1er avril 2014, un suspect est interpellé et interrogé pour ses liens supposés avec l'auteur d'un attentat en Bulgarie. Une avocate désignée par le barreau l'assiste. Le suspect ne parle pas. C'est là que le commissaire entre en scène. Il débarque, prend le suspect et l'avocate dans une salle à part pour créer «un climat plus intime», s'est-il justifié à l'audience. En dehors de toutes les règles de procédures, rétorqueront les avocats de la partie civile. La discussion chauffe. La faute à l'avocate «cassante et méprisante», assure le commissaire. Ce dernier se lève et sort brusquement du bureau, furax, comme le montre la vidéosurveillance du couloir. Avant de quitter la pièce, il a traité de «petite conne» et giflé l'avocate, selon cette dernière. Ce que dément le commissaire. Que le gardé à vue, seul témoin direct, ait confirmé la version de l'avocate ne le fera pas bouger. Dans cette affaire de «violences volontaires par une personne dépositaire de l'autorité publique sur un avocat dans l'exercice de ses fonctions», le procureur a écarté la relaxe, en raison des témoignages directs et indirects et de la constance de la partie civile, qu'il oppose aux évolutions de la version du commissaire.