L'histoire rôde depuis l'arrivée de Hollande à l'Elysée et elle touche à sa fin. Ce mercredi soir, à l'Assemblée, le récépissé de contrôle d'identité sera au cœur du projet de la loi égalité et citoyenneté. Certains députés de gauche ont déposé un amendement demandant la mise en place de ce dispositif visant à lutter contre le contrôle au faciès. Mais la commission a invoqué, avant que le débat débute, l'article 40 de la Constitution qui permet de déclarer irrecevable un amendement qui aurait «pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique».
Pouria Amirshahi dit son dépit : «Une partie de la gauche du passé au cynisme certain continue de jouer avec ses engagements fondamentaux. A croire que son objectif c'est que cette avancée ne voie jamais le jour.» D'autres ont rédigé des amendements demandant une expérimentation du récépissé. Plusieurs villes dirigées par la gauche sont volontaires. Là, l'article 40 ne peut pas se mettre sur la route de l'expérimentation. Mais le gouvernement, si.
Selon nos informations, l'expérimentation sera, elle aussi, retoquée. Cette fois, pour des raisons politiques. Un pilier de l'Assemblée argumente : «Entre Nuit debout, la loi El Khomri et l'Euro, les flics sont sur les genoux. Cazeneuve et Valls n'ont aucun intérêt à faire ça.» Un conseiller de l'exécutif confirme. En réponse, le gouvernement va mettre en avant les «caméras-piéton». Installées au niveau de la poitrine ou de l'épaule des fonctionnaires, elles garantiront, selon le gouvernement, «une traçabilité des échanges entre police et citoyens et permettront d'apaiser les tensions quotidiennes». Les associations qui luttent contre le contrôle au faciès s'interrogent sur les droits d'accès aux images et pointent les limites. Les caméras seront allumées et éteintes par les policiers eux-mêmes. Et elles ne changeront rien pour celui qui se fera contrôler plusieurs fois par jour à cause de sa couleur de peau.