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Interview

Une candidature «citoyenne» à la primaire à gauche ? «Chiche !»

Think-tank de jeunes militants de gauche, la Plateforme souhaite présenter un(e) candidat(e) à la primaire lancée par le PS. Entretien avec l'un de ses fondateurs, Valentin Przyluski.
Lors de la campagne pour les primaires socialistes de 2012. (Photo Sébastien Calvet pour Libération)
publié le 29 juin 2016 à 13h48

Un candidat «citoyen» à la primaire de la gauche organisée par le Parti socialiste ? C'est en tout cas le souhait de «la Plateforme», un think-tank né en décembre 2014 et composé de jeunes responsables et militants politiques étiquetés socialistes et écologistes. Un de ses fondateurs, Valentin Przyluski, explique ce que ce mouvement politique vient faire dans ce processus de désignation d'un candidat de gauche lancé il y a deux semaines par le PS.

Pourquoi décider de lancer votre mouvement dans cette primaire ?

Parce que nous savons que la gauche risque l’élimination au premier tour de la présidentielle. Parce que nous constatons que Jean-Luc Mélenchon a décidé de partir tout seul et nous sommes convaincus que François Hollande participera à cette primaire. Et nous constatons aussi, malheureusement, qu’il est aujourd’hui très compliqué de réconcilier ceux qui se trouvent dans cet espace entre Mélenchon d’un côté, et Hollande de l’autre. Jean-Christophe Cambadélis propose une primaire ? Chiche ! Mais pour nous, ce ne doit pas être la primaire de ceux qui soutiennent le gouvernement mais de ceux qui veulent gouverner. Et gouverner autrement. Cette primaire peut permettre d’offrir aux électeurs de gauche un vrai choix, sans être contraint, comme c’est le cas à chaque premier tour d’une présidentielle, par le vote utile. C’est une occasion unique pour tous les électeurs de gauche de venir se porter sur une candidature neuve.

Laquelle ?

Notre démarche est spécifique. Nous voulons donner toute leur place aux organisations citoyennes dans cette primaire. Que tout le monde puisse y entrer, s’exprimer, et que ce ne soit pas une primaire de partis politiques.

Mais vous aurez votre propre candidat ?

Si nous en avons les moyens. Nous choisirons celui qui veut bien se dévouer, représenter la construction collective. Qui aura la meilleure capacité pour s’engager dans une campagne électorale intense et qui pourrait gagner. Mais nous n’en sommes pas encore là… A ce stade, nous appelons à nous rejoindre toutes les initiatives citoyennes et les personnes prêtes à s’engager dans une construction collective et coopérative pour la victoire inattendue d’une plateforme citoyenne. D’ailleurs, c’est dans l’intérêt de tous que nous puissions obtenir les parrainages nécessaires et offrir une solution politique qui ne soit pas seulement vue comme une revanche sur le quinquennat raté de la gauche. Nous devons faire des propositions pour les dix ans à venir.

Par exemple ?

Nous avons trois axes de travail pour formuler des propositions concrètes d'ici l'automne : quelles souverainetés pour la France au XXIe siècle ? Quel travail pour quels emplois et quel environnement ? Comment résoudre les fractures françaises ?

Vous ne voyez pas cette primaire comme un «piège» seulement destiné à «relégitimer» François Hollande ?

Ce sera une primaire «faite pour Hollande» si nous nous mettons dans une posture de défaite. Nous estimons que cette primaire peut être l’occasion de changer le personnel politique et de changer d’idées. Le surgissement de constructions collectives alternatives n’est pas réservé aux autres pays. Mais en France, pour être présent, il faut s’inscrire dans un cycle présidentiel.

Vous avez été proche d’Arnaud Montebourg. N’avez-vous pas peur qu’on dise que vous préparez son arrivée dans la primaire ?

Il y a besoin d’une vraie alternative citoyenne. Si nous faisons ce choix de nous engager, c’est que nous constatons la difficulté du PS et des candidatures institutionnelles d’aller chercher des citoyens pour les emmener vers une construction collective à gauche. Nous constatons les frustrations et la colère grandissante ; il ne faut plus se contenter de soutenir, il faut bousculer le jeu politique directement.

Vous demandez donc à participer à l’organisation de la primaire ?

Nous demandons à être intégrés au groupe de travail et aux instances de participation de cette primaire. Ce sera aussi un moyen, pour tous, de s’assurer de l’ouverture de ces instances et d’obtenir une primaire avec des listes électorales, et des bureaux de vote et réussir à dépasser les 2 millions de votants.

Pourquoi ajouter une candidature alternative à celle de Hollande ? N’est-ce pas diviser pour du témoignage et permettre la victoire du président sortant s’il se présente ?

Non. L’ensemble du personnel politique a échoué. Les citoyens commencent à s’intéresser aux candidats six mois avant une élection. Il est temps que les citoyens qui ne se reconnaissent pas dans les partis politiques traditionnels prennent leurs responsabilités et changent tout.