Pour présenter les émissions qui seront à l'antenne en septembre, France Télévisions avait décidé d'innover mercredi soir. Pas de conférence de presse (c'est so 2015 de répondre à des questions), mais un «événement joyeux et collectif» (dixit la com de l'entreprise) mêlant discours de dirigeants - beaucoup de dirigeantes, c'est à saluer -, interludes artistiques et prises de parole d'animateurs disant à quel point bosser à France TV est super cool (malgré les grèves et les motions de défiance). Face à cet objet non identifié, mi-séminaire de team building mi-présentation stratégique, les journalistes avaient surtout été invités à écouter et regarder le «nouvel état d'esprit» (encore la com) de la boîte, dirigée depuis l'été dernier par Delphine Ernotte. On ne peut pas dire que l'on a été gâté en termes d'annonces. Les futures grilles, dévoilées ces dernières semaines au gré du mercato télé, étaient en grande partie connues. En revanche, on a eu droit à une collection de poncifs. Avec son «l'information est un combat de tous les jours», le directeur de l'info, Michel Field, a fait fort, mais il a été surpassé par la patronne, auteure d'un «France Télévisions est une passerelle lumineuse vers la culture et la création». A peine avait-on eu le temps de ricaner que Christophe Maé déboulait de nulle part pour chanter au milieu de l'assistance son dernier tube, le difficilement supportable Il est où le bonheur ? «Il est là, le bonheur, il est là», fredonnaient en retour quelques animateurs ultracorpo. Bref, on a fini par se demander ce qu'on faisait là. On s'attendait à apprendre des choses sur la future chaîne d'info du groupe, mais non, il n'en a quasiment pas été question. Annoncée pour le 1er septembre, elle est pourtant le plus ambitieux projet de rentrée de Delphine Ernotte. Mais, bâtie dans l'urgence et d'une effroyable complexité juridique et éditoriale du fait de la collaboration avec Radio France, elle n'a encore officiellement ni nom, ni logo, ni canal TNT. A deux mois de son lancement.
Billet
France Télévisions, to be Ernotte to be ?
Delphine Ernotte, en mars 2015. (Photo Eric PIermont. AFP)
publié le 30 juin 2016 à 20h01
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