L'Assemblée nationale va compter un député de moins début juillet. Elu président de la grande région Normandie en décembre dernier, Hervé Morin, député UDI de l'Eure, va envoyer, dans les prochains jours, sa lettre de démission de son fauteuil de parlementaire.
Comme il l’avait annoncé lors de sa campagne électorale, le nouveau patron de la région abandonne son mandat de député de la 3e circonscription de l’Eure pour se consacrer à la gestion de ce territoire réunifié entre la basse et haute Normandie. Mais entre sa déclaration de campagne et sa mise à exécution, presque sept mois se seront écoulés. Pourquoi ?
Désir de cumuler les mandats et les indemnitées afférentes pour grossir sa fiche de paye? Hervé Morin s’en est toujours défendu. Cet éleveur de pur-sang qui, en 2007 a vendu un des ses «cracks» à l’émir de Dubaï pour une somme estimée entre 5 et 7 millions d'euros, n'est effectivement pas dans le besoin.
Code électoral
En réalité, cette démission à retardement tient simplement à la volonté d’Hervé Morin de ne pas provoquer de législative partielle dans la circonscription qu’il représente depuis 1999. Un article du code électoral, le LO 178 plus précisement, dispose en effet qu’il ne peut être procéder à aucune élection dans les douze mois qui précèdent la fin de la mandature, soit juin 2017.
En 2012, le patron du Nouveau Centre, deuxième composante de l'UDI, avait retrouvé son siège de député avec plus de 53% des voix au second tour. Son avance au premier tour de cette législative n'a tenu qu'à l'éparpillement des voix de gauche. A lui seul, le Parti socialiste réunissait alors 25% des voix. Hervé Morin, lui, rassemblait 38% des suffrages et le FN totalisait 15% des bulletins. «Vu le contexte, si j'avais démissionné juste après mon élection à la tête de la région, je prenais le risque de voir cette circonscription revenir à la gauche ou au Front national», déclarait Morin au lendemain de son élection.
Les électeurs de la 3e circonscription de l'Eure resteront donc pendant toute une année sans représentant à l'Assemblée nationale. Un état de fait que n'a pas manqué de relever le secrétaire général du FN, Nicolas Bay, lui-même tête de liste pour le parti d'extrême droite dans cette région. «Il va geler sa circonscription et priver ses propres électeurs de toute représentation à l'Assemblée. C'est un bras d'honneur pur et simple qu'il leur fait», tacle-t-il sèchement.