Tolérance zéro ? C'est ce qu'affiche le diocèse de Lyon, dirigé par le cardinal Barbarin et secoué par des affaires de pédophilie. Il a annoncé jeudi des mesures d'une grande fermeté. La plus importante vise les prêtres ayant commis des agressions sexuelles sur mineurs. Ils seront «définitivement écartés de tout ministère», que les faits soient prescrits ou non. «Ces mesures vont dans le bon sens mais auraient dû être prises depuis longtemps», dit à Libération François Devaux, président de l'association de victimes la Parole libérée.

Dans son communiqué, le diocèse précise que quatre prêtres ont été relevés de leurs fonctions à la suite des avis émis par un collège d’experts, mis en place par le cardinal pour le conseiller.

Impliqués dans des affaires d'abus sexuels, des ecclésiastiques ont d'ores et déjà été suspendus au cours des derniers mois. C'est le cas du père Jérôme B., qui a été obligé de quitter sa paroisse en mars. Aucun élément ne permet de savoir s'il s'agit pour ces prêtres d'affaires déjà révélées. Quoi qu'il en soit, le diocèse précise que les faits «étaient connus de l'autorité judiciaire».Les autorités de l'Eglise, elles, ont pris soin de ne donner aucun élément qui permettrait d'évaluer le nombre de prêtres pédophiles.

Aussi spectaculaire qu'elle soit, l'opération «mains propres» du diocèse n'est pas révolutionnaire. «Tout ce que fait Barbarin, il le fait sous la pression», pointe une victime du père Jérôme B. Les mesures annoncées sont conformes aux normes édictées par le Vatican. De fait, l'Eglise en France a pris du retard dans la lutte contre la pédophilie. «Toutes ces décisions ne disculpent pas Philippe Barbarin de ses fautes passées», poursuit François Devaux. Le cardinal de Lyon n'est quant à lui toujours pas fixé sur son sort judiciaire. Il fait face à des plaintes pour non-dénonciation d'agressions sexuelles sur mineurs. Le dossier est complexe, notamment à cause des délais de prescription.