Pour connaître le nouveau programme économique du Front national, il faudra encore attendre quelques mois et le début de la campagne présidentielle. Mais de premières pistes figurent dans un document remis jeudi à la présidente frontiste : un «pré-programme économique» concocté par le «Cap éco», une structure interne dirigée par Bernard Monot, l'un des économistes du parti. Consulté par l'AFP, ce pré-programme n'affiche que peu d'évolutions par rapport aux propositions avancées lors de la campagne de 2012. Principale mesure, la sortie de l'euro restera la clef de voûte des promesses du FN. Le parti y voit la condition sine qua non de toute relance économique et, bien que le Royaume-Uni ne soit pas membre de la zone euro, compte sur l'exemple du Brexit pour nourrir l'hostilité de l'opinion française vis-à-vis de «Bruxelles». En matière budgétaire, Bernard Monot propose de ramener les dépenses publiques à 50 % du PIB, contre 57 % en 2015 – alors que Marine Le Pen n'avait pas pris d'engagements chiffrés en 2012.
«Quand les choses iront mieux»
Avec la sortie de l'euro, le coup d'arrêt à l'immigration devrait rester l'autre martingale du programme frontiste. Selon Monot, cette mesure entraînerait des gains de «40 à 42 milliards d'euros annuels à la fin du quinquennat». Des ambitions jugées hasardeuses par de nombreux économistes, d'autant que le FN a récemment révisé ses objectifs en matière migratoire : alors qu'il souhaitait autrefois limiter le nombre d'entrées légales à 10 000 par an, ce chiffre est devenu un solde – c'est-à-dire la différence entre le nombre d'entrées et de sorties.
Pour le reste, alors que le FN s'oppose actuellement à la loi travail, le pré-projet économique prévoit d'«assouplir» le droit du travail… «quand les choses iront mieux». A «assouplir» également : les 35 heures, que des accords de branche pourraient faire passer à «39 heures payées 39». Comme en 2012, une taxe sur les importations est prévue, qui financerait une hausse de 200 euros des salaires inférieurs à 1,4 Smic. Mais cette taxe serait désormais «temporaire». L'âge légal de départ à la retraite serait ramené à 60 ans, avec une durée de cotisation de quarante ans pour un départ à taux plein. En matière fiscale enfin, tous les Français seraient assujettis à l'impôt sur le revenu, même pour un montant «symbolique». Le FN souhaite aussi élargir l'assiette imposable des particuliers «mais surtout des entreprises», tout en réduisant les taux marginaux. En 2012, son programme prônait une nouvelle tranche marginale de l'IR à 46 %.
Reste à savoir dans quelle mesure le programme définitif de Marine Le Pen s'inspirera de ces propositions. Car dans ou autour du FN, d'autres structures que le «Cap éco» travaillent sur les questions économiques. Sans compter les contacts individuels entretenus par Marine Le Pen et son entourage avec des acteurs économiques. Le pré-programme est donc «un document de travail parmi d'autres, indique Marine Le Pen à l'AFP. Rien n'est validé. Je présenterai mon projet, économique et autre, dans plusieurs mois». Le sujet est sensible car, si les sondages témoignent d'une certaine convergence entre l'électorat frontiste et celui de la droite sur les questions identitaires et sécuritaires, le fossé est désormais considérable en matière économique.