La prison de Fleury-Mérogis (Essonne) peut officiellement accueillir 3 036 détenus. Or à ce jour, elle en recense 4 532. Face à cette surpopulation alarmante, la directrice de la plus grande prison d'Europe a adressé un courrier au préfet de l'Essonne et à l'administration pénitentiaire le 20 juin, que BFM TV s'est procuré. «J'appelle votre attention sur la situation particulièrement inquiétante des effectifs de la population pénale, écrit-elle. Nous constatons depuis quelques jours que le nombre d'écrous atteint des sommets. A titre d'exemple, ce week-end nous avons écroué 85 personnes», un chiffre supérieur de 30% à un week-end moyen, selon BFM TV.
Au 20 juin, la prison comptait 10 matelas au sol, «alors que la plupart des cellules comportent deux lits». A ce jour, il y en a 16.
«Le nombre d'écrous pour faits de terrorisme s'élève à 109, dont 95 pour des faits en lien avec le terrorisme islamiste, poursuit la directrice. Il devient très difficile d'affecter les personnes détenues en tenant compte des profils, vulnérables, récidivistes, etc.» C'est notamment là qu'est détenu Salah Abdeslam.
Le bâtiment D4, dédié aux mineurs, «sert de variable d'ajustement et permet de "désencombrer" les autres bâtiments dont les effectifs dépassent les 900 personnes détenues». Cette situation accentue les tensions : «la détention est devenue violente» et les professionnels sont «épuisés».
Le maire de Fleury-Mérogis a pris la mesure du problème et promet de sortir, ce lundi, de son «devoir de réserve sur la réalité des dangers qui pèsent aujourd'hui sur les prisons en Ile-de-France notamment face aux phénomènes de radicalisation». Les personnels pénitentiaires habitant «pour la plupart» sur la commune, «ça m'impacte en tant que maire, a déclaré David Derrouet (divers gauche), cité par le Parisien. Ils sont usés, à bout. C'est un univers difficile où la population a fortement évolué en vingt ans. Les détenus sont beaucoup plus violents.»
Vendredi, il a envoyé un courrier au ministre de la Justice et à la présidence de la République pour demander des solutions. «J'ai maintes fois évoqué des pistes de travail. J'ai démontré qu'il était possible, avec des enveloppes budgétaires limitées, de répondre à certaines urgences. J'ai transmis des orientations pour un projet de loi efficace. Aucune de mes propositions n'a été retenue», dénonce l'édile. Il affirme qu'une réunion de travail était censée se tenir il y a plusieurs mois, après la visite du garde des Sceaux dans le centre pénitencier, et que «ça ne s'est pas fait».