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Libération
13 Novembre

Le «truc» de Salah Abdeslam, «c'est la télé-réalité»

«Le Journal du dimanche» s'est rendu dans la prison où est incarcéré le terroriste.

La prison de Fleury-Mérogis le 27 avril 2016, jour du transfèrement de Salah Abdeslam depuis la Belgique. (Photo Miguel Medina. AFP)
Publié le 03/07/2016 à 17h44

Toute une partie du quatrième étage du bâtiment D3 a été vidée pour lui. Depuis le 27 avril, Salah Abdeslam est incarcéré à la prison de Fleury-Mérogis (Essonne), la plus grande d'Europe. Le Journal du dimanche s'y est rendu en compagnie du député (LR) des Hauts-de-Seine Thierry Solère pour une visite surprise, comme la loi le permet. Journaliste et photographe ont certes eu accès au centre de rétention, mais ont été tenus à l'écart du détenu le plus surveillé de France, seul l'élu ayant été autorisé à pénétrer dans la salle de surveillance, où des caméras filment le moindre de ses faits et gestes, 24 heures sur 24. «On le surveille pour intervenir rapidement s'il voulait se tuer. On lui interdit l'unique liberté qu'il pourrait avoir, celle de se supprimer», explique le surveillant Mario Guzzo au JDD.

Il y a trois mois, les détenus de Fleury-Mérogis ont suivi l'arrivée de Salah Abdeslam depuis la Belgique sur BFM TV. «Il y a eu une grande bronca quand il a fait son entrée, un mélange d'applaudissements, surtout de la part des plus jeunes, et aussi un mélange de sifflets. A mon sens, les sifflets l'emportaient sur les applaudissements», affirme Mario Guzzo.

«Grande nervosité qui se dégage du détenu»

Le seul survivant connu des commandos des attentats du 13 Novembre a rejoint le quatrième étage, où se trouvent une douzaine d'autres détenus radicaux incarcérés pour terrorisme, isolés du reste des prisonniers. Il n'a pas de contact avec eux. Quatre cellules ont été spécialement aménagées pour Salah Abdeslam : celle dans laquelle il séjourne, une autre en cas de détérioration de la première, la pièce accueillant le poste de surveillance et enfin une dernière dans laquelle est aménagée une «salle de sport spéciale». Thierry Solère a d'ailleurs demandé, vendredi au garde des Sceaux, les raisons de la mise à disposition du terroriste d'une salle de sport particulière.

Ce dernier peut faire sa promenade sur le toit, toujours sous surveillance vidéo. «Si on le laissait aller dans la cour, sa vie serait en danger. Il y a ici au moins un détenu dont la sœur a été tuée sur les terrasses», précise la directrice de la sécurité de Fleury-Mérogis, Laure Haccoun. Il voit sa famille dans un parloir sécurisé, sans contact direct, parlant à ses proches via un Hygiaphone. Lorsqu'il s'y rend, tout est vidé sur son passage, afin qu'il ne croise personne sur son chemin.

«C'est un choc d'avoir sous ses yeux un être humain qui a participé au carnage que l'on connaît, lâche Thierry Solère au JDD, de retour de sa visite, où il a notamment vu Abdeslam prier et lire le Coran. Il y a une demi-douzaine de caméras qui, avec une netteté parfaite, peuvent zoomer sur ce qu'il lit ou ce qu'il mange. Le lit est fait parfaitement, il n'y a rien qui traîne, tout est rangé de façon maniaque.» Le député a été marqué par «la grande nervosité qui se dégage du détenu».

Selon un surveillant, «il regarde assez peu l'Euro. En revanche, son truc c'est la télé-réalité, il regarde des émissions des heures et des heures». Il cuisine également beaucoup.