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Libération

Nicolas Hulot, l’écolo qui se veut sans clivages

publié le 3 juillet 2016 à 21h01

C'était en 2011. Sur la péniche qui lui sert de QG avant la primaire écologiste, Nicolas Hulot enchaîne les réunions. A la demande de son équipe, Michel Rocard accepte de venir une matinée complète pour une séance de travail consacrée à «l'évolution de la gauche avec le droit du travail». «Rocard a expliqué à Nicolas comment les combats des salariés, aujourd'hui centrés sur la défense des acquis sociaux, l'étaient à l'origine sur la question du temps de travail, raconte Pascal Durand, eurodéputé écolo et, à l'époque, directeur de campagne de l'ex-animateur télé. C'était digne d'un cours au Collège de France.» Hulot acquiesce lorsque Rocard parle de «baisse du temps de travail». Mais, se remémore Durand, il tique lorsqu'il explique, «comme Sarkozy ou Bayrou à l'époque», qu'il faut «faire sauter le verrou du contrat de travail» pour lutter contre le chômage.

Malgré cette divergence, Hulot partage avec Rocard une «vision humaniste du monde» et la capacité à «ne pas être enfermé dans un dogme», souligne Durand. «Ils partageaient la volonté de réconcilier la société, poursuit-il, de dépasser les clivages, les chapelles, mais avec le sens de l'éthique et sans jamais perdre ses valeurs.» Hulot, comme Rocard, ne s'est-il pas senti incompris dans sa propre famille politique en plaidant, lors de la primaire de 2011 de EE-LV, pour une ouverture du «dialogue» avec ceux qui, dans le camp d'en face (à l'époque Jean-Louis Borloo), avaient la fibre verte ? Et pour travailler à la lutte contre le réchauffement climatique, Hulot et Rocard n'ont pas rechigné à répondre aux offres de services, d'où qu'elles viennent. Le socialiste en ambassadeur des pôles sous Sarkozy. L'écologiste en plume de Chirac puis envoyé spécial pour le climat de Hollande. Les deux, ensemble, pour imposer l'idée d'une fiscalité verte dans une société qui accepte trop peu de payer pour préserver l'environnement.