«En 1984, Michel Rocard est ministre de l'Agriculture, et l'UE est en train de négocier les quotas laitiers. Un conseil informel est organisé à Angers, que les agriculteurs saccagent. A l'époque, je suis jeune chef de cabinet. Les responsables de la sécurité du ministre et les autorités locales nous interdisent d'aller à la rencontre de la FNSEA, mais Michel Rocard passe outre en disant : "Non seulement on y va, mais j'irai devant." On se regarde entre membres du cabinet et, là, on est admiratifs du chef. Son passage à la tête du PSU faisait qu'il savait ce qu'était une manif et un service d'ordre. Il a pris un mégaphone et il est allé au contact.

«C’était un mélange de courage physique et de culture militante. Il n’avait pas peur de la confrontation, voulait toujours convaincre ou, à défaut, expliquer ses choix et son action. C’était un patron délicieux mais vous deviez respecter deux axiomes : il fallait toujours être à l’heure - je n’ai jamais vu un homme politique aussi ponctuel que lui - et faire attention à la syntaxe. Il était délicieux mais il savait vous faire remarquer si vous n’aviez pas bien accordé un complément d’objet direct.»