Une mention au bac, oui mais pour quoi faire ? C'est la question que nous avions posée au début des épreuves de l'édition 2016 du baccalauréat. Nous avions tenté d'y répondre en exploitant les données nationales des résultats des mentions dans les différentes filières sur la France entière. A vrai dire, ce sont les seules que nos interlocuteurs au ministère de l'Education ont bien voulu nous communiquer à ce moment-là.
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Nous avions également demandé de pouvoir obtenir les résultats des mentions par académie, estimant que ce qu’il en résulterait pourrait nous livrer des réponses plus détaillées et le refus du ministère a attisé notre curiosité. Après la publication du premier article, nous avons réitéré notre demande. D’autant que chaque citoyen a le droit d’avoir accès à certains documents administratifs, s’il en fait la demande, comme le garantit la loi du 17 juillet 1978. Si celle-ci est refusée, il est possible de saisir la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA) qui statue sur la requête. Ce que nous avions l’intention de faire. Une fois cette information arrivée jusqu’aux oreilles de nos interlocuteurs, ceux-ci nous ont finalement transmis les données que nous avions demandées initialement : les résultats des mentions par filière et par académie depuis 1997.
Le résultat ? Des disparités selon les académies, mais finalement rien de très surprenant (vous pouvez télécharger les données pour vous en faire une idée).
1. Paris, reine des mentions
Entre 1997 et 2014, l'académie de Paris est passée de 1,39% de mentions très bien au bac général à 16,91%. Elle culmine en tête des académies, devançant Strasbourg de plus de 0,90 point. Fabienne Rosenwald, directrice de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), l'explique par un «effet de structure très fort» : «Les bacs scientifiques ont, généralement, plus de mentions très bien que les autres filières. Or à Paris, il y a beaucoup plus de candidats au bac S qu'ailleurs.»
Une autre raison peut aussi être le nombre d'options proposées à Paris. Comme nous l'expliquions mi-juin, l'introduction de ces dernières au baccalauréat en 2003 a fait exploser le nombre de mentions. Dans l'académie de Paris, toujours selon Fabienne Rosenwald, l'offre est plus importante que dans d'autres. Or, ces options sont importantes pour obtenir une mention très bien. Les terminales ont en effet la possibilité d'en choisir une ou deux supplémentaires, à présenter au bac : sport, latin-grec, troisième langue vivante, histoire-géo pour les terminales scientifiques… De plus en plus d'élèves se laissent tenter par des options, en partie car le régime de notation est avantageux. En effet, seuls les points au-dessus de la moyenne sont intégrés dans la notation finale à l'examen.
Surtout, selon la directrice de la DEPP, ces résultats sont fortement liés au profil socio-économique des élèves accueillis, sensiblement supérieur aux autres académies : «L'impact de l'origine sociale sur les résultats scolaires est très fort dans notre système.» En classe de 6ème à Paris, on estime par exemple à 68% les chances d'un élève à obtenir le bac général, contre 11% pour un bac professionnel.
2. La Guadeloupe, Guyane et Mayotte, en queue de peloton
Les trois académies d'outre-mer sont celles où le pourcentage de mentions très bien était le plus faible en 2015, même si l'on note une progression en vingt ans. Selon Fabienne Rosenwald, ces résultats sont liés à la présence importante de baccalauréats professionnels dans ces départements où le nombre de baccalauréats généraux est moins élevé. Or, le taux de réussite est sensiblement plus faible dans les bacs professionnels (80,3%), et donc le nombre de mentions obtenues également. Par ailleurs, toujours selon la directrice de la DEPP, les candidats ont aussi un «profil socio-économique issu de milieux plus défavorisés».
3. Dijon et Bordeaux, les inconnues
Ces deux académies sont parmi les 6 moins bien classées en 2015. Dijon, avec un pourcentage de 9,71 de mentions très bien en 2015 a subi une baisse de près de deux points par rapport à 2014. Bordeaux de son côté culmine à 9,53% avec une légère baisse également de près de 0,5 point (malgré une augmentation de plus de 4 points entre 2010 et 2015). Si selon Fabienne Rosenwald, ces résultats sont contrastés par le fait que le nombre de mentions très bien y est globalement à la hausse depuis 1997, et que ces résultats mériteraient une «véritable étude», une des explications peut être liée aux délimitations de ces académies.
Bordeaux comme Dijon peuvent prendre en compte un périmètre très large d’écoles, selon la directrice de la DEPP. La première, par exemple, comprend les Landes : un territoire qui comporte plus de disparités dans les profils socio-économiques que la ville de Bordeaux elle-même. Concernant Dijon, la DEPP explique aussi que l’année 2014 a été un bon cru par rapport aux autres années. Nous avons tenté de joindre l’académie de Dijon, qui n’a pas donné suite pour le moment.
Retrouvez les données pour toutes les académies.