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Milice

La justice rejette la «garde biterroise» de Robert Ménard

Le tribunal a jugé illégales ces patrouilles de citoyens en uniforme, complément à la police pour le maire de Béziers, mais que ses opposants considèrent comme une «milice».

Robert Ménard à Béziers en décembre 2015. (Photo Pascal Guyot. AFP)
Publié le 05/07/2016 à 12h57

Après l'avoir suspendue en janvier, la justice a annulé mardi la création à Béziers d'une «garde biterroise», voulue par le maire Robert Ménard, proche du Front national. Annoncée par ce dernier en décembre 2015, cette «garde» aurait rassemblé des citoyens bénévoles, patrouillant dans les rues, surveillant les bâtiments publics et alertant si nécessaire les forces de l'ordre. Un projet jugé illégal par le tribunal administratif de Montpellier : saisie par la préfecture de l'Hérault, celle-ci a annulé la délibération municipale portant création de la «garde biterroise».

Selon la justice, «les tâches de surveillance des bâtiments publics et de la voie publique […] doivent être exercées par le maire ou par des agents placés sous son autorité, sous le contrôle du représentant de l'Etat». Impossible, en conséquence, de «confier à des particuliers les missions de surveillance de la voie publique ou des bâtiments publics». Le tribunal rejette également dans ce cas la notion de «collaborateur occasionnel du service public», mise en avant par la municipalité. Cette dernière est donc sommée de renoncer à mettre en place sa «garde biterroise», mais également à cesser toute publicité autour de ce projet.

«Vous êtes ancien policier, ancien gendarme, ancien militaire, ancien pompier, rejoignez la garde biterroise», proclamaient des affiches placardées dans la ville en décembre, peu après les attentats du 13 Novembre en région parisienne. Le préfet de l'Hérault avait aussitôt appelé à une suspension de l'initiative, soulignant que celle-ci n'avait fait «l'objet d'aucune concertation préalable avec les services de l'Etat, ni de délibération du conseil municipal de la ville». Quant au délégué régional du syndicat SGP Unité Police, il avait jugé «inquiétant de mettre une tenue sur des bénévoles». Les opposants locaux à Robert Ménard dénonçaient quant à eux de potentielles «milices» au service du maire.

Suite à la décision du tribunal, Robert Ménard a dénoncé par communiqué «la tartufferie d'un État impuissant à protéger les Français, mais parfaitement efficace lorsqu'il s'agit de les empêcher de se défendre». «Réactionnaire» revendiqué, le maire de Béziers s'est distingué depuis son élection par une communication tapageuse et polémique. Elu avec le soutien du Front national, il n'hésite pourtant pas à critiquer un parti trop tiède à son goût, passant même près de la rupture à l'occasion d'un récent rassemblement politique à Béziers.