On avait quitté Michel Neyret en mai, devant le tribunal correctionnel de Paris, sur ces derniers mots, épilogue de quatre semaines de procès : «J'ai déjà exprimé à cette barre mes profonds regrets d'avoir entraîné ma femme et mes collègues. Je ne peux que réitérer mes regrets qui, quelle que soit votre décision, me hanteront toute ma vie.» Le tribunal a rendu son jugement mardi : trente mois de prison ferme pour le super-flic «borderline» qui a passé vingt ans à la tête de la brigade anti-gang de Lyon. La sentence est conforme à la peine de quatre ans de prison, dont dix-huit mois avec sursis, requise par le parquet. Neyret, 60 ans, qui a déjà passé huit mois en prison, ne retournera pas derrière les barreaux, sa peine étant aménageable.
Jugé pour corruption et trafic de stupéfiants, le numéro 2 de la PJ lyonnaise était accusé d’avoir sollicité en 2011 plusieurs collègues policiers afin de récupérer une partie de la drogue issue des saisies pour pouvoir rétribuer des «indics» en dehors du cadre légal, en échange de cadeaux sous forme de séjours et d’argent liquide. Autrement dit : on lui a reproché d’avoir franchi cette fameuse ligne jaune qui sépare flic et voyou. De fait, les juges semblent avoir voulu prononcer une peine «exemplaire» pour sanctionner les dérives dans la police. Sa femme, Nicole Neyret, a écopé de huit mois avec sursis.