Habituellement composé des neuf plus hauts cadres du Front national, le bureau exécutif du parti ne compte plus que sept membres depuis ce lundi. Après l'éviction du président d'honneur, Jean-Marie Le Pen, en août 2015, c'est la vice-présidente Marie-Christine Arnautu qui a perdu sa place, pour une durée de quinze mois. Cette figure historique du parti a été sanctionnée par ses pairs après avoir participé, le 1er mai, à un hommage à Jeanne d'Arc organisé par Jean-Marie Le Pen. L'ex-président du FN y avait notamment évoqué la «dédiabolisation» du parti comme «un calcul de naïf, de sot ou de traître».
«Si des cadres se rendent là-bas, ce sera un acte d'hostilité. Donc ils passeront en commission de discipline», avait prévenu à l'avance le vice-président Florian Philippot. Sans décourager Marie-Christine Arnautu ni deux autres eurodéputés frontistes, Bruno Gollnisch et Mireille d'Ornano, de se rendre au rassemblement place des Pyramides à Paris. Tous trois s'étaient vus interdire l'accès au «banquet patriote» organisé plus tard dans la journée par le Front national. Membres des instances dirigeantes du parti, Gollnisch et Arnautu avaient également été priés d'en démissionner. Le premier s'était exécuté pour la forme, pour se voir aussitôt gracié par une Marine Le Pen soucieuse d'apaisement. La seconde avait en revanche fermement refusé, d'où son passage ce lundi devant le bureau exécutif réuni en formation disciplinaire.
Pour les responsables frontistes, cette procédure était une question de «cohérence politique». L'intéressée y voyait quant à elle la conséquence de ses désaccords avec Florian Philippot, notamment en matière sociétale. Portée sur les questions familiales, Marie-Christine Arnautu avait contesté certaines prises de position du vice-président du FN, particulièrement lorsque ce dernier avait comparé l'importance de cette thématique à celle de «la culture du bonzaï». Selon un participant au bureau exécutif de ce lundi, Florian Philippot n'y était pas présent – ce que d'aucuns interpréteront comme le souci d'éviter une confrontation directe.
En apparence temporaire, la suspension de Mme Arnautu a en réalité toutes les chances d'être définitive. Le terme des quinze mois devrait en effet correspondre, peu ou prou, avec le prochain congrès du Front national, lors duquel seront renouvelées les instances dirigeantes du parti. D'ici-là, Marie-Christine Arnautu restera toutefois membre du bureau politique du FN, qui regroupe une quarantaine de cadres frontistes.