Il est de ces périodes estivales où l'on rêve de déconnexion. François Hollande, qui ne peut s'octroyer le luxe de l'île déserte, a tout de même pu bénéficier de quelques heures de quiétude lors de l'inauguration du nouveau palais de justice de Bourg-en-Bresse (Ain). Ici, aucun risque d'appels intempestifs ou d'urgences téléphoniques car, comme le résume M^e Marie Mercier-Durand: «On ne capte pas». A moins, bien sûr, de se tenir sur le grand parvis vitré ou de jouer les équilibristes à la fenêtre de la salle des avocats. Ce bâtiment flambant neuf, qualifié de «moderne» ou «grandiose», «surmonté d'une casquette et de fines colonnes» - réunissant le tribunal de grande instance, le tribunal d'instance et le conseil des prud'hommes auparavant disséminés dans toute la ville n'a qu'un défaut : les murs épais propices à l'isolation thermique ne laissent pas passer les ondes. «On ne peut plus faire de recherches de jurisprudences ou de textes de loi pendant les audiences, s'agace Me Mercier-Durand. Impossible également de se prévenir par texto, entre confrères, d'un ordre de passage.» La seule solution resterait de poser un amplificateur d'ondes sur le toit, soit quelque 100 000 euros qui viendraient s'ajouter à la facture de 18,2 millions d'euros. La situation n'a pas empêché le chef de l'Etat de déclarer très solennellement, en référence à la fermeture du vieux palais : « Ce n'est pas tous les jours qu'on passe directement du XIX^e siècle au XXI^e siècle». « Ou l'inverse», ont peut-être été tentés de répliquer certains interlocuteurs…