Menu
Libération
A suivre

14 Juillet : Hollande veut éviter de se faire vampiriser

Obligé de répondre à Emmanuel Macron lors de sa dernière interview de fête nationale, le Président tentera aussi d’avancer quelques billes, notamment sur le revenu universel.
François Hollande et Manuel Valls lors du défilé militaire,le 14 jullet (Photo Marc Chaumeil pour Libération)
publié le 13 juillet 2016 à 21h11

L'allusion est limpide, les regrets teintés d'ironie. «C'est quand même ballot de se faire bouffer son dernier 14 Juillet», lâche un conseiller de l'exécutif à la veille de la cinquième interview de fête nationale de François Hollande qui risque, ce jeudi, d'être en partie vampirisée par le cas Macron. A l'Elysée, certains font contre mauvaise fortune bon cœur, sans convaincre. Grâce à la polémique Macron, «il y a un enjeu de curiosité» sur cette intervention, sourit un proche du chef de l'Etat. Autrement dit, il ne faut pas se louper sur le (énième) recadrage du ministre de l'Economie et soigner particulièrement le reste de cette intervention de quarante-cinq minutes à l'heure du déjeuner, puisqu'il y aura du monde devant le poste.

«Le Président sait que ce que les gens veulent, c'est de l'action et des convergences, pas des commentaires et des divergences, fait valoir son entourage pour minimiser la dernière embardée du ministre de l'Economie. Les Français ont envie de nous voir bosser et avancer.» Du collectif et de la cohérence. Tout le monde en marche donc. Parce que les «gros» dossiers ne manquent pas. Au premier rang desquels le chômage - toujours - et la sécurité, à quelques jours de la fin de l'état d'urgence. Selon un sondage Harris Interactive pour LCP-Assemblée nationale, ces deux thèmes devraient, pour 58 % des Français, être les priorités de Hollande lors de son interview. Loin devant la croissance économique et la loi travail (47 %), la fiscalité et les impôts (44 %), la place de la France dans l'UE ou l'immigration. A la veille d'une tournée européenne qui le mènera dans cinq pays en trois jours la semaine prochaine, Hollande entend pourtant rassurer sur les conséquences «concrètes» du Brexit pour la France. Il veut aussi utiliser la débandade des eurosceptiques britanniques après leur victoire au référendum pour mettre en garde une fois de plus contre la montée du populisme, dénoncer cette «France du repli» préparée selon lui par le Front national.

En matière économique, Hollande a déjà grillé pas mal de cartouches dans une interview fleuve parue dans les Echos fin juin, annonçant une série de mesures en faveur des entreprises, comme le prolongement de la prime à l'embauche pour les PME ainsi qu'un nouveau «geste fiscal» de 2 milliards d'euros pour les ménages en 2017. Visant surtout les classes moyennes, et à condition que la croissance soit de 1,7 % l'an prochain. «On est entrés dans la phase du retour sur investissement des efforts demandés aux Français, se félicite un ministre. Toute la question est de savoir s'ils vont attribuer ces bénéfices à Hollande.» Le chef de l'Etat devrait également avancer quelques billes sur le «revenu universel», qui sera au cœur d'un séminaire gouvernemental la semaine prochaine.

De quoi donner un peu plus de chair à son mantra du printemps - «Ça va mieux» -, que les Français ont toujours de la peine à percevoir, surtout après quatre longs mois de bataille politique sur la loi travail, émaillés de manifestations violentes. «Ne jugez pas la pollution des océans au fait que vous voyez un sac plastique flotter à la surface, fait valoir un conseiller du chef de l'Etat. Le moral des gens est bon pour eux, même s'il est défaillant pour la France. C'est déjà pas mal.» «Après les attentats, les inondations, le Brexit, il faut rappeler ce qu'on a fait pour changer la vie des Français et tracer des perspectives», complète un autre. Ce qui revient à faire son propre inventaire pour ne pas que la droite s'en charge - un genre de «Hé oh la France !» - en prenant soin de ne pas basculer dans ce qui ressemblerait à un programme présidentiel. De la haute voltige. L'Euro de foot à peine terminé, le chef de l'Etat a repris des couleurs dans les sondages. «Il a fait les sept matchs des Bleus, et pas un sifflet, salue un ministre. Donc il n'est pas mort.»