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Libération

Le ministre de l’économie affûte son calendrier

publié le 13 juillet 2016 à 20h51

Est-il possible d’allumer une mèche lente après avoir grillé toute la boîte de feux d’artifice ? C’est un peu le dilemme devant lequel se retrouve Emmanuel Macron après son premier grand meeting politique. Mardi soir à la Mutualité, à Paris, le ministre de l’Economie a franchi un cran supplémentaire dans la transgression, sans pour autant se déclarer candidat à la présidentielle de 2017, ni sortir du gouvernement. Comme pour se ménager une nouvelle marge de manœuvre au sein du gouvernement en jouant sur les intérêts contradictoires de François Hollande et Manuel Valls.

La réalité, c'est que l'ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée a un petit problème de calendrier, et que sa garde rapprochée n'est pas totalement raccord sur la suite des événements. Pour certains, il faut quitter le navire gouvernemental avant la fin du mois de juillet. L'argumentaire est tout trouvé et permettrait de sauver un tant soit peu les formes : «J'aime mon job de ministre mais j'ai lancé un mouvement nouveau qui cartonne et comme je ne peux pas tout faire bien, je démissionne pour m'y consacrer à 250 %.» Le tout au beau milieu du chassé-croisé entre juillettistes et aoûtiens. «Il ne faut pas être un facteur de bordel en sortant, on ne va pas faire une Montebourg», explique un proche de Macron. «Il aimerait se faire virer, mais Hollande ne lui fera pas ce cadeau», pronostique un ministre.

Soutien de la première heure, le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, est, lui, plutôt calé sur la rentrée et le mois de septembre. Entre-temps, le ministre a quelques rendez-vous estivaux : un «grand rassemblement» à Bordeaux et un colloque des réformistes européens à Lyon fin septembre. Avant cela, «il faut qu'il se repose, qu'il écrive, qu'il fixe un truc», glisse un proche. Comme un livre biographico-programmatique. Dans son discours de mardi soir, Emmanuel Macron a fixé l'échéance au mois de décembre pour construire son «plan de transformation» de la France. Il sera alors temps de décider si ses propositions - dont il n'a pipé mot concrètement à la Mutualité - deviennent son projet de candidat ou si cela viendra peser sur la présidentielle et ses candidats, à la manière du «pacte écologique» de Nicolas Hulot en 2007. «Si Hollande décide d'être candidat, Macron n'a pas d'autre choix que de se ranger derrière lui, analyse un poids lourd de la majorité. Sa stratégie c'est donc de l'affaiblir le plus possible avant, dans l'espoir qu'il renonce.» Une façon inédite de l'empêcher de se représenter.