Des sifflets contre Valls à Nice, ce sont des sourires à Raqqa. Une France divisée qui se déchire, des politiques jouant la surenchère, la parole raciste qui se libère, voilà le genre de réactions que l’Etat islamique cherche à obtenir. L’EI, c’est un poison qui instille de la division après chaque attentat, entame un à un les ressorts de la cohésion nationale. Ces huées donnent surtout chair à la thèse du choc des civilisations. Face à cette menace durable et multiforme, les Français demandent des réponses. On a déjà rogné nos libertés fondamentales, certains ont exigé l’internement préventif des fichés S, relancé le débat sur la peine de mort… Ça tiraille, ça déchire, ça inquiète. Mais le collectif tient bon. Ou plutôt a tenu bon. Le premier craquement est venu des politiques. C’est indigne ! Face à la menace, il faut plus d’intelligence et d’éducation, de moyens humains, de transparence, mais certainement pas moins de démocratie et de cohésion. La cohésion, c’est le souci de tous. A commencer par les leaders de la droite républicaine. S’ils veulent revenir, avec honneur, au pouvoir, qu’ils laissent le mensonge à d’autres. Les Français se souviennent de leurs erreurs et choix passés. C’est aussi valable pour les journalistes. Eux-nous ne devons pas plus céder à la démagogie et aux raccourcis. La cohésion passe aussi par les citoyens (vous, nous) qui ne doivent pas oublier les mots des parents des victimes des Merah, Kouachi, Coulibaly, Abaaoud et consorts : la haine n’est pas française. La cohésion, c’est le travail de Hollande et de Valls. Ils doivent enfin admettre que les Français, les députés, la presse, les chercheurs ne sont pas leurs adversaires, encore moins leurs ennemis. Qu’ils écoutent les demandes de démocratie, les demandes de réforme, les colères, même les plus ridicules. Mais qu’ils n’infantilisent plus les Français. Ils sont leurs seuls alliés dans ce combat.
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