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Libération

L’octogénaire opéré de l’œil à tort sera indemnisé

publié le 18 juillet 2016 à 20h01

Gaston, un octogénaire creusois, est devenu presque aveugle à la suite d’une opération de l’œil qu’il a subie par erreur, en 2011. Lundi, le tribunal de Limoges a condamné la clinique et deux médecins à l’indemniser, à hauteur de 1 500 euros chacun, et à couvrir ses frais de justice. Pourtant, il avait d’abord été débouté par une commission.

Revenons en 2011. Gaston, qui porte habituellement un appareil auditif, s’apprête à être opéré de la paupière. Ayant retiré son appareillage, il s’installe en salle d’attente, et croit entendre son nom. Il se lève et on le conduit au bloc, où il subit une vitrectomie (une ablation). Or, on l’aura compris, il n’était pas le bon patient, et personne dans l’équipe médicale ne s’en est rendu compte à temps. Quelques années plus tard, le voilà presque aveugle.

Gaston, qui est déjà atteint de surdité, se tourne alors vers la Commission régionale de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux pour obtenir réparation. Or, celle-ci estime que si sa perte visuelle a bien été précipitée par l’opération indue, elle aurait de toute façon eu lieu en raison de la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), une maladie de la rétine dont Gaston est atteint depuis 2014.

En outre, les médecins estimaient que cette opération lui avait paradoxalement sauvé la vie. Il a en effet fait une embolie pulmonaire au cours de l’intervention, que l’anesthésiste a pu déceler. S’il n’avait subi «que» l’opération de la paupière qui était programmée, il n’y aurait pas eu d’anesthésiste dans la salle, l’opération étant bénigne, et Gaston serait rentré chez lui avec le risque de faire une embolie… sans surveillance médicale. Une explication que la chambre civile du tribunal de Limoges a dû estimer un peu tirée par les cheveux, puisqu’elle a reconnu le préjudice subi par Gaston, qui souffre aujourd’hui d’une cécité quasi totale.