Les Etats européens n’en finissent pas de s’entre-déchirer. Aujourd’hui, c’est le détachement des travailleurs qui occupe le haut du classement des sujets qui fâchent. La Commission européenne souhaite réviser la directive de 1996 dont les failles génèrent du dumping social et fragilisent le droit du travail. Elle voudrait qu’un principe soit appliqué : dans chaque pays où un travailleur est détaché, sa rémunération doit être égale à celle des employés nationaux du même secteur. La France et l’Allemagne font partie des fervents défenseurs de cette réforme. Ceux qui s’y opposent se trouvent dans l’est de l’Europe, grands fournisseurs de travailleurs détachés, et au Danemark. Les représentants de onze Etats ont manifesté leur mécontentement en brandissant un «carton jaune». Cette procédure permet à des Parlements nationaux de contester la pertinence d’une initiative législative européenne au nom du principe de subsidiarité (pour valider la procédure, il faut au minimum l’approbation d’un tiers des Parlements nationaux de l’UE). Selon ce «groupe des onze», c’est aux Etats membres de légiférer dans ce domaine, et non à l’UE. En réalité, ces pays considèrent que l’instauration d’une égalité salariale nuirait à la compétitivité de leurs travailleurs nationaux.
La procédure dite du «carton jaune» oblige la Commission à apporter des réponses à l’interpellation. Elle peut décider de rédiger une nouvelle mouture du texte ou de botter en touche et de laisser les Etats et le Parlement européen trouver des compromis, comme pour tout autre texte. C’est ce mercredi que la Commission doit se prononcer. Comme l’a laissé entendre Marianne Thyssen, commissaire en charge de l’Emploi et des Affaires sociales, la Commission ne devrait pas modifier sa proposition. Elle devrait laisser les gouvernements régler leurs différends entre eux et croiser les doigts pour éviter le carton rouge.