La perspective d'un procès se rapproche pour le Front national, certains de ses dirigeants et de ses prestataires : selon l'AFP, le parquet a demandé ce vendredi le renvoi devant la justice de sept personnes physiques et trois morales, dont le parti lui-même, dans le cadre de «l'affaire Jeanne», un dossier d'escroquerie présumée aux dépens de l'Etat. Parmi les mis en cause figurent un vice-président frontiste, Jean-François Jalkh, et le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just. Mais aussi Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen et dirigeant de Riwal : au cœur de l'affaire, cette société de communication est elle aussi concernée par l'avis du parquet. Tout comme le micro-parti Jeanne, une structure à vocation financière liée à la présidente du Front national. Il appartient désormais aux juges d'instruction de suivre ou non le parquet, c'est-à-dire de décider de la tenue d'un éventuel procès.
C'est en avril 2014 que ces juges, Renaud Van Ruymbeke et Aude Buresi, ont ouvert une information judiciaire. Ils suspectent le microparti Jeanne d'être au cœur d'un système de financement frauduleux, impliquant du matériel de campagne conçu par Riwal et vendu aux candidats frontistes. Pour payer ces onéreux «kits», les candidats pouvaient souscrire un prêt auprès de Jeanne. Les candidats frontistes étaient-ils obligés d'acheter ce matériel ? Celui-ci était-il vendu à un prix manifestement exorbitant ? Dans l'affirmative, le dindon de la farce serait l'Etat, qui rembourse in fine les dépenses électorales de candidats.
De son côté, le FN a toujours défendu ce système, le jugeant parfaitement légal. Et voit dans les procédures à son encontre une manœuvre politique visant à l'affaiblir à l'approche de l'élection présidentielle. Entendue par les juges durant l'instruction, Marine Le Pen n'a pas été mise en examen, mais placée sous le statut intermédiaire de «témoin assisté».