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Libération

Christine Lagarde va comparaître devant la CJR dans l’affaire Tapie

publié le 22 juillet 2016 à 20h01

Avoir été ministre de l'Economie de Nicolas Sarkozy n'est pas une sinécure. Christine Lagarde va devoir comparaître, à une date encore inconnue, devant la Cour de justice de la République (CJR) habilitée à juger les délits commis par les membres d'un gouvernement dans l'exercice de leurs fonctions. Vendredi, la Cour de cassation a en effet validé son renvoi en procès pour «négligence» dans la gestion de l'arbitrage Tapie lorsqu'elle était locataire de Bercy (2007-2011). Une perspective embarrassante pour celle qui a entamé le 5 juillet un second mandat à la tête du Fonds monétaire international (FMI). Lequel lui a immédiatement réaffirmé toute sa «confiance».

Dans son arrêt, la Cour de cassation estime que la commission d'instruction de la CJR, qui l'avait renvoyée en décembre en procès, avait «justifié» sa décision quand elle avait relevé que Christine Lagarde avait «commis des négligences» qui avaient «rendu possible» un «détournement de fonds publics», en l'espèce les 404 millions d'euros accordés en 2008 à Bernard Tapie par un tribunal arbitral.

La haute juridiction, qui a suivi les réquisitions du ministère public, a souligné qu'il ne lui appartenait «pas d'apprécier la valeur des charges» à l'encontre de Christine Lagarde. «La Cour de cassation n'a en rien tranché la question de fond de la responsabilité de Mme Lagarde», a relevé son avocat, Patrick Maisonneuve, rappelant que ce débat aurait lieu devant la CJR.

L'arbitrage devait mettre un terme au litige vieux de plus de vingt ans qui opposait le Crédit lyonnais et Bernard Tapie, ce dernier s'estimant floué sur la revente d'Adidas pilotée en 1994 par la banque. Certains voient derrière cette décision gracieuse un simulacre organisé avec l'appui de l'Elysée où l'homme d'affaire avait ses entrées. Dès 2011, trois magistrats du pôle financier commencent à enquêter sur les conditions de cet arbitrage mettant en examen plusieurs acteurs du dossier pour «escroquerie en bande organisée». Les juges reprochent à Lagarde d'avoir pris la décision politique d'entrer en arbitrage, puis de ne pas avoir contesté la sentence rendue. Elle va devoir s'expliquer devant les six députés, six sénateurs et trois magistrats qui composent la CJR.