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Cazeneuve porte plainte en diffamation contre une policière municipale de Nice

Le ministre de l'Intérieur nie les propos de la cheffe du centre de supervision urbain de la ville des Alpes-Maritimes selon lesquels un commissaire de la Place Beauvau aurait fait pression sur elle.
A Nice, en 2010. (Photo Olivier Monge)
publié le 24 juillet 2016 à 17h23

La ville de Nice met de nouveau en cause le gouvernement après la tuerie commise par Mohamed Lahouaiej Bouhlel sur la promenade des Anglais à Nice, le 14 Juillet. Dans une interview au Journal du Dimanche, Sandra Bertin, la cheffe du centre de supervision urbaine de Nice (CSU), chargée du visionnage des quelque 1 200 caméras de la ville, accuse un membre du «cabinet du ministère de l'Intérieur» de l'avoir «harcelée» pour qu'elle effectue un rendu inexact de la présence et du positionnement des effectifs de la police nationale le soir de l'attaque, au regard de ce qu'elle avait pu observer sur les écrans vidéo. Ce sont les révélations de Libération qui ont permis d'établir que le barrage par lequel le camion du terroriste a pénétré dans la zone piétonne n'était pas protégé par la police nationale contrairement à ce qu'affirmait Bernard Cazeneuve.

Contactée par Libération, Sandra Bertin maintient sa version des faits et précise ses propos : «Un commissaire de police se présente et m'indique qu'il est envoyé par le ministère de l'Intérieur. Il me dit qu'il est en liaison téléphonique avec quelqu'un du cabinet du ministre. Cette personne, qui m'a indiqué son identité, me demande de lui détailler le positionnement du barrièrage et des effectifs de police nationale et municipale, le soir du drame. Après avoir établi et envoyé ce rapport, la personne du cabinet du ministre me rappelle et me demande de le modifier en indiquant la présence de la police nationale sur deux points de contrôle précis, alors que je ne les avais pas vu sur les vidéos. J'ai donc refusé.»

«Graves accusations»

Bernard Cazeneuve a réagi dimanche après-midi par un communiqué indiquant son intention de porter plainte pour «diffamation» contre la responsable du CSU pour ces «graves accusations». «Il serait très utile que madame Sandra Bertin soit auditionnée par les enquêteurs et puisse leur produire les identités et les fonctions des personnes qu'elle met en cause, les mails qu'elle évoque et leur contenu.» Pour la Place Beauvau, ce n'est «en aucun cas le cabinet du ministre de l'Intérieur qui a envoyé un commissaire au CSU».

Lors d'une conférence de presse retransmise en direct à la télévision, Jean-Marc Falcone, directeur général de la police nationale, a tenté de désamorcer la polémique en détaillant une procédure «classique et systématique» dans laquelle «ni le ministre de l'intérieur ni ses services ne sont intervenus». Jean-Marc Falcone a expliqué qu'un commissaire de la direction départemental de la sécurité publique des Alpes-Maritimes s'est effectivement rendu au CSU «dans le souci de donner des informations de qualité et vérifiées» mais «n'a fait aucune démarche pour modifier des documents».

Jean-Jacques Urvoas, garde des Sceaux, a également publié un communiqué pour indiquer que «l'enquête relative aux assassinats terroristes commis à Nice le soir du 14 Juillet relève exclusivement de l'autorité judiciaire». François Molins, procureur de la République, a précisé à l'AFP que c'était sous l'autorité du parquet et dans le cadre de l'enquête que «deux brigadiers chefs ont été envoyés au CSU de Nice».