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Libération

Les médias français en rangs dispersés

publié le 28 juillet 2016 à 20h31

C’est un éditorial du Monde publié mercredi qui a poussé de nombreux médias français à se positionner sur un débat portant tantôt sur les photos, tantôt sur les noms, tantôt sur les deux. A la fin de cet éditorial, Jérôme Fenoglio, directeur du quotidien, explique qu’«à la suite de l’attentat de Nice, nous ne publierons plus de photographies des auteurs de tueries, pour éviter d’éventuels effets de glorification posthume». Voilà les autres médias poussés à s’exprimer aussi. Très vite, BFM TV prend sa décision : elle non plus ne diffusera plus les photos des terroristes, à l’exception «des avis de recherche diffusés par les forces de l’ordre et qui peuvent aider les enquêteurs».

De la même façon, RTL annonce qu’elle «ne diffusera pas de photographies des terroristes afin de ne pas participer à une éventuelle recherche de notoriété de ceux qui commettent des actes de barbarie en France». Un engagement plutôt facile à tenir à la radio, qui s’applique aussi à son site internet. RTL ne s’interdit pas, en revanche, de «communiquer leurs noms lorsque la justice le fera». Une station va plus loin : Europe 1 s’engage à ne même plus donner les noms des terroristes et des suspects à l’antenne. Sur son site, ils sont désormais désignés avec leur prénom suivi de l’initiale de leur nom.

D'autres médias défendent la position inverse. Pour Michel Field, directeur de l'information de France Télévisions, il serait absurde de «taire le nom d'un terroriste dans le journal quand il est donné cinq minutes après par le procureur de la République». Même choix au Figaro, à Libération ou à Mediapart, dont le directeur Edwy Plenel s'insurge contre «l'autocensure» et juge que «le journalisme sombre dès qu'il part en mission».

En réalité, le débat ne peut se réduire à un choix entre «tout publier» et «ne rien publier». Jeudi, le Monde revenait déjà sur sa politique : ne seront plus publiées «des images tirées de leur vie quotidienne ou celles, souvent prises par eux-mêmes, précédant leur passage à l’acte», tandis que «les documents de type pièce d’identité, ou les images apportant différents types de preuves» auront toujours leur place dans les pages et sur le site du journal.