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Libération
Décryptage

Des consultations à tous prix

Le nouveau texte prévoit des tarifs par paliers, débutant à 25 euros pour une visite chez le généraliste.

Le mensonge repose sur la lecture erronée d'un rapport datant de 2004. (Photo Philippe Huguen. AFP)
Publié le 29/07/2016 à 20h11

On n’a parlé que de la hausse du prix de la consultation de base, mais cette nouvelle convention comprend une kyrielle de mesures, aussi bien financières qu’organisationnelles.

Hiérarchisation des consultations

Il n’y a plus une consultation, mais des consultations. Cela se diversifie fortement. Le tarif de base est donc à 25 euros pour les médecins généralistes. La dernière revalorisation remonte à 2011. Puis ça bouge. Exemple : l’avis médical demandé à un spécialiste par un médecin traitant va passer de 46 euros à 48 euros en octobre 2017, puis à 50 euros en juin 2018. Plus généralement, l’assurance maladie propose une hiérarchisation des consultations en quatre niveaux. Le premier repose donc sur la consultation de référence à 25 euros. Au deuxième palier, les consultations coordonnées, par exemple lorsqu’un médecin traitant adresse un patient à un spécialiste. Pour ce dernier, elle passerait de 28 euros à 30 euros en juillet 2017. La consultation des enfants, jusqu’à l’âge de 6 ans, augmente et passe à 30 euros chez les généralistes. Le troisième niveau de consultation, prévu pour novembre 2017, concerne des actes complexes, comme le dépistage des mélanomes. Le prix est alors de 46 euros. Un tarif qui s’appliquera aussi à des nouveautés (première consultation de contraception et de prévention des MST chez le généraliste et le gynécologue). Le quatrième niveau renvoie à des actes très complexes, comme lors d’une consultation initiale d’information et de mise en place d’une stratégie thérapeutique pour les patients atteints de cancer ou de pathologie neurologique grave : elle sera à 60 euros en novembre 2017.

Lutte contre les déserts médicaux

Une aide conséquente de 50 000 euros est prévue pour les médecins s’installant dans ces zones, s’ils s’engagent à y rester au moins trois ans et à exercer en groupe. Mais jusqu’à présent, les mesures incitatives ont eu peu d’impact.

Forfaits qui s’ajoutent aux honoraires

A côté de la consultation, les médecins libéraux peuvent toucher des forfaits qui s'ajoutent à leurs honoraires. Jusqu'à présent, il y avait diverses rémunérations forfaitaires octroyées aux médecins, pour la prise en charge de patients atteints d'affections de longue durée (ALD) ou de personnes âgées, par exemple. Tout cela sera remplacé par un système unique dédié au suivi de la patientèle du médecin traitant. Ce «forfait patientèle» pourrait atteindre 15 000 euros par praticien et par an. Arrive enfin un «forfait structure», permettant au médecin de recruter une secrétaire. Il s'élèvera autour de 4 000 euros en 2019. Il est en fait plus large, car il prend en compte le volet «organisation du cabinet», intégrant une rémunération du médecin s'il atteint des objectifs de santé publique.

Coût important des mesures

En année pleine, ce sont près de 960 millions d’euros supplémentaires qui vont aller à la médecine libérale, et cela grimpe à plus d’un milliard d’euros, voire à 1,3 milliard d’euros en 2019, si l’on compte la participation des mutuelles. On le voit, l’assurance maladie ne s’est pas montrée pingre pour décrocher une nouvelle convention, pour une des rares professions dont les revenus n’ont pas baissé ces dernières années.