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Pourquoi Bolloré réclame 50 millions à France 2 ?

publié le 2 août 2016 à 21h21

Quelle mouche a donc piqué Vincent Bolloré ? Actionnaire de référence de Vivendi (maison mère de Canal +), c'est peu dire qu'il n'a guère apprécié le documentaire à charge diffusé en avril sur France 2, malicieusement intitulé Un ami qui vous veut du bien. Il aurait pu déposer une classique plainte en diffamation, un tribunal pénal étant alors chargé de soupeser la bonne foi des journalistes de Complément d'enquête.

La rediffusion de l'émission, le 21 juillet, a été le prétexte à changer son fusil d'épaule : désormais, c'est la «société Bolloré» qui assigne un concurrent devant le tribunal de commerce, au motif d'une «stratégie de communication qui va bien au-delà du simple souci d'information». France 2 est ainsi soupçonnée d'épingler Canal +. Dans son assignation, que Libération a pu consulter, l'avocat du groupe Bolloré, Olivier Baratelli, estime que le «téléspectateur normalement avisé ne peut que déduire de ce reportage que pour accéder à des informations objectives, il ne peut plus compter sur Canal +, dont le seul souci serait désormais de ménager les partenaires financiers, commerciaux et politiques du groupe Bolloré.»

Allusion à la fameuse déprogrammation par Canal + d'un documentaire sur le Crédit mutuel, qui a finalement été diffusé sur la chaîne publique. Laquelle aurait porté «des accusations graves, disproportionnées et infondées sur la qualité du journalisme d'investigation de Canal +, en sachant pertinemment qu'elles profitent à France 2 autant qu'elles nuisent à Canal +», tonne Me Baratelli. De l'art de transformer la polémique sur la gestion bolloréenne en simple différend commercial. Avec à la clé des dommages et intérêts qui se chiffrent en millions au tribunal de commerce, contre quelques milliers d'euros au pénal.