Le «harcèlement» policier envers les migrants suscite des remous au sein de la majorité municipale parisienne. Depuis fin juillet et la «mise à l'abri» de 2 600 personnes, qui se sont vu proposer un hébergement temporaire, les réfugiés tentant de se regrouper dans le nord-est de Paris sont, en effet, quotidiennement dispersés par les forces de l'ordre. Objectif : éviter toute «réinstallation» entre l'avenue de Flandre et le boulevard de la Villette (XIXe), où se trouve le siège de l'association France Terre d'asile.
«Déni»
Alertés par les associations, les élus écologistes ont adressé, lundi, un courrier à la maire, Anne Hidalgo, et à son adjointe chargée de la lutte contre l'exclusion, Dominique Versini, afin d'exiger «une solution d'urgence à proposer [aux réfugiés]». «Lors des évacuations, il n'y a même plus de "mises à l'abri", notamment des femmes et des mineurs, s'insurge Anne Souyris, coprésidente du groupe écolo au Conseil de Paris. La réponse est uniquement policière et plus du tout sociale.» Danielle Simonnet dénonce, elle, «un déni des droits des réfugiés». Pour l'élue du Parti de gauche, la responsabilité de la villeest clairement engagée. «Il y a ce que devrait faire le gouvernement, respecter le droit d'asile et l'obligation d'avoir accès à un toit ; et il y a ce que devrait faire Paris, se donner les moyens de construire un centre comme à Grande-Synthe [Nord, ndlr], tout en demandant la création de places d'hébergement pérennes.»
Une demande en partie exaucée. Fin mai, Hidalgo a annoncé l'ouverture d'un ou plusieurs camps humanitaires dans le nord (porte de La Chapelle) et le sud-est de Paris, permettant d'accueillir 500 à 700 réfugiés en transit. Mais ce projet ne devrait voir le jour que fin septembre, en parallèle de l'ouverture de 3 000 places d'hébergement temporaire dans les centres d'accueil et d'orientation par la ministre du Logement, d'ici à fin août. En attendant, la mairie temporise. Et l'embarras est palpable. «Dans notre pays, laisser les réfugiés à la rue n'est pas acceptable, reconnaît Rémi Féraud, le maire socialiste du Xe arrondissement. D'un autre côté, je ne peux pas mettre en cause le travail de la police dans le Xe.» Et d'ajouter : «Il y a chaque jour des arrivées au fil de l'eau et on se retrouve avec de nouveaux campements. Si l'Etat ne peut pas fournir un hébergement temporaire au jour le jour, il y aura forcément des tensions. C'est pour cela qu'on a lancé ce projet de camp humanitaire, pour éviter ces situations.»
«Dans son rôle»
Dominique Versini défend la même ligne : «Nous n'avons pas d'instructions à donner au préfet de police, qui est dans son rôle de maintien de l'ordre public.» Et à ceux qui s'inquiètent de l'avancée du chantier du camp humanitaire, elle se veut rassurante : «Notre but est d'ouvrir le plus vite possible, à la fin septembre.» Même si, comme elle le reconnaît, le projet n'en est qu'aux «travaux préalables».