Le 5 octobre 2015, le DRH d'Air France, Xavier Broseta, était évacué, torse nu, du siège du groupe après un comité central d'entreprise (CCE) rendu houleux par l'annonce d'un plan de 2 900 suppressions d'emploi. Lundi, le ministère du Travail a confirmé le licenciement de Vincent Martinez, délégué CGT mis en cause dans l'«affaire de la chemise déchirée». En janvier, l'inspection du travail avait refusé son licenciement, jugeant que la faute lourde n'était pas caractérisée, notamment sur la base de deux vidéos. La direction d'Air France a donc sollicité l'arbitrage du ministère, comme la loi le lui permet. «A l'issue d'une analyse longue et minutieuse des faits survenus le 5 octobre 2015 […] et sur la base des éléments portés au dossier, il ressort que la faute reprochée est d'une gravité suffisante pour justifier le licenciement du salarié protégé», expliquait le communiqué de Myriam El Khomri, sans précisions sur les «faits survenus». C'est 20 Minutes qui a révélé mardi de longs extraits de l'argumentaire ministériel. Ce dernier estime que si la première vidéo exonère bien le délégué syndical, il n'en est pas de même pour la seconde. Selon Air France, «alors que M. Broseta, entouré de deux vigiles, court afin de fuir la foule qui l'avait agressé […], M. Martinez agresse un des vigiles en le poussant violemment, entraînant sa chute brutale, ainsi que celle de M. Broseta.» Pour l'inspection du travail, «ces images ne permettent pas de déduire la force de la poussée exercée par M. Martinez à l'encontre du vigile, […] en conséquence son caractère violent ne peut être établi». Le ministère rejoint la version d'Air France en écrivant : «Lorsque ces trois personnes sont passées près de M. Martinez, ce dernier a, par un acte délibéré ne résultant pas d'un mouvement de foule ou de toute autre pression, poussé l'un des deux vigiles soutenant M. Broseta.» Vu la vitesse de l'action, il est difficile d'avoir une certitude totale, mais en ralentissant, on peut plutôt voir que le syndicaliste tente d'agripper le bras du vigile de droite pour le retenir… et non pour le pousser. L'intéressé s'est dit lundi soir «très surpris» par cette décision qualifiée de «mauvais signal» mardi par Marie- Noëlle Lienemann, candidate à la primaire PS.
Une vidéo litigieuse au cœur du licenciement d’un délégué CGT
Publié le 09/08/2016 à 20h31
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