Menu
Libération
Récit

Incendies près de Marseille : un homme interpellé, risques de reprise

Les incendies qui ont détruit 3 300 hectares de garrigue aux portes de Marseille et fait trois blessés étaient fixés jeudi matin mais les pompiers restent mobilisés, craignant la reprise du vent annoncée pour l’après-midi.
Le feu au nord de Marseille "fixé" dans de nombreuses parties (Photo Nicolas Carme. AFP)
par AFP
publié le 11 août 2016 à 7h22
(mis à jour le 11 août 2016 à 11h31)

Un  homme a été interpellé et placé en garde à vue mercredi après-midi à proximité d’un départ de feu à Vitrolles, en marge du grand incendie parti de Rognac, a-t-on appris jeudi auprès du parquet d’Aix-en-Provence.

Les incendies qui ont détruit 3 300 hectares de garrigue aux portes de Marseille et fait trois blessés étaient fixés jeudi matin mais les 1 200 pompiers toujours mobilisés redoublaient de vigilance, craignant la reprise du vent annoncée pour l’après-midi.

«Un homme domicilié dans un quartier du nord de Marseille a été interpellé et placé en garde à vue hier (mercredi) à 17h50 à Vitrolles», a déclaré Emmanuel Merlin, vice-procureur du parquet d'Aix. «Des riverains dont les habitations se situaient pas loin du feu de Vitrolles ont vu une personne à proximité d'un départ de feu, en marge du feu principal», a précisé le vice-procureur.

Des centaines de personnes avaient été évacuées de leur domicile mercredi, notamment à Vitrolles et les flammes ont provoqué de nombreux dégâts.

«On déplore trois blessés par brûlures dont un grave dans la population. Une vingtaine de pompiers ont été incommodés par des fumées, ainsi qu'une dizaine de policiers», a déclaré le directeur de cabinet du préfet, Jean Rampon. De nombreuses habitations ont été endommagées ainsi que quelques bâtiments industriels. «Nous évaluons ce matin les dégâts», a-t-il dit.

Une situation que les secours incendie n'avaient pas connue «depuis longtemps» dans la région, ont souligné les pompiers. En juillet 2009, un grave incendie parti du camp militaire de Carpiagne, au-dessus des calanques de Marseille, s'étaient propagé jusqu'aux quartiers sud de la ville, arrivant tout près de barrières d'immeubles d'habitations et parcourant un millier d'hectares.

Depuis mercredi 15h30, «2 500 hectares ont été brûlés dans un feu parti de Rognac, qui a été arrêté cette nuit aux portes de Marseille, dans le nord de la ville. 800 hectares ont brûlé dans la zone portuaire industrielle de Fos-sur-Mer. Certains feux sont déjà éteints, celui de Rognac est fixé», a poursuivi Jean Rampon.

«Le traitement des lisières est en cours», a-t-il ajouté. Des journalistes de l'AFP ont vu les pompiers noyer jeudi matin des foyers quasiment éteints mais susceptibles de repartir. «Des vents violents exposent au risque de reprises», a averti Jean Rampon, et la sécheresse de la végétation des massifs est «sujet de préoccupation».

«Fermez les bouteilles de gaz et rentrez-les dans le bâtiment ou plongez-les dans votre piscine», conseillaient les pompiers à la population sur Twitter pour réduire les risques d'incendie. «Garez les voitures, vitres fermées contre façades opposées à la direction d'où vient le feu. Mettez à l'abri les mobiliers de jardin et autres équipements combustibles», précisaient-ils.

Sur Twitter toujours, le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin a remercié les pompiers «du fond du coeur».

Quelque 1 800 soldats du feu en tout ont été mobilisés sur les sinistres du département depuis mercredi après-midi, dont 650 renforts extra-départementaux, a précisé Jean Rampon, ainsi qu’une centaine de policiers et gendarmes, 500 véhicules de secours, 5 Canadair (dont 2 en provenance de Corse), un Tracker, Dash 8 et deux hélicoptères. Après avoir été immobilisés plusieurs jours en raison d’un incident technique le 1er août, quatre Canadair sur les douze utilisés en France, avaient été remis en vol lundi.

Jeudi matin, 1 200 pompiers étaient toujours sur le terrain, selon le colonel David Allione directeur du Service départemental d’incendie et de secours des Bouches-du-Rhône, qui s’est dit satisfait que les incendies n’aient pas fait de mort, et que la ville de Marseille - désormais hors danger - n’ait pas été touchée.

Sur place mercredi soir le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve avait affirmé que l'objectif était «de contenir absolument le feu pour éviter qu'il ne gagne les villes, et notamment Marseille».

Les pompiers sont épaulés par 130 policiers de la Sécurité publique, dont 30 en provenance du Gard, du Var, des Alpes-Maritimes et du Vaucluse voisins. La mobilisation va aller «crescendo» selon l’évolution de la situation, a-t-on appris auprès de la Direction départementale de la sécurité publique. Depuis mercredi après-midi, jusqu’à plus de 300 forces de l’ordre ont été mobilisées.

Trafic aérien perturbé

Quelque 500 personnes ont été hébergées pour la nuit en plusieurs points. Le feu parti de Rognac a ravagé notamment 1 600 hectares à Vitrolles, qui a payé le plus lourd tribut, et où 300 personnes ont été hébergées dans des gymnases pour la nuit, selon Jean Rampon. Aux Pennes-Mirabeau, 730 hectares ont été brûlés.

Peu avant 8 heures, la mairie de Vitrolles a annoncé que «la préfecture autorisait les personnes évacuées à rentrer chez elles si elles le souhaitent. Les trois gymnases ouverts dès hier soir sur la commune restent en service tout de même. Ce matin des collations ont été servies aux personnes accueillies.»

Le  trafic aérien était toujours perturbé à l'aéroport de Marseille Provence à Marignane. «Plusieurs vols peuvent être reportés ou annulés pour donner la priorité aux avions de lutte contre les incendies», a annoncé l'aéroport sur son site internet vers 7 heures.

L' autoroute A7 entre Vitrolles et l’embranchement de l’A51 était encore fermée jeudi vers 9 heures. La réouverture de l’A55 a été annoncée par Vinci Autoroutes. L’A8 avait rouvert vers minuit.