Primaire à droite et menace terroriste, le cocktail est amer. Sans même parler de Nadine Morano, plusieurs leaders de LR rivalisent cet été de propositions reprenant celles du FN.
Nicolas Sarkozy
Dans son entretien estival à l'hebdomadaire Valeurs actuelles paru jeudi, Nicolas Sarkozy multiplie les propositions choc, mais pas toutes nouvelles, et les propos guerriers. Un «tutoiement avec le FN», dénoncé par le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, dans une interview à lire sur Libération.fr. Mêlant la lutte contre le terrorisme et les mesures ciblant les musulmans de France sur le ton du «ne plus rien céder», l'ex-chef de l'Etat préconise d'interdire le voile en entreprise et à l'université, ainsi que les menus de substitution dans les cantines scolaires. Confirmant son revirement sur le droit du sol, il promet de le remettre en cause en créant une «présomption de nationalité permettant de ne pas attribuer la nationalité à quelqu'un qui aurait un casier judiciaire à sa majorité, ou dont on pourrait prouver que ses parents étaient en situation irrégulière au moment de la naissance». Paraphrasant le célèbre «il faut terroriser les terroristes» de son ancien mentor Charles Pasqua, Sarkozy lance : la France «doit faire changer la peur de côté». Plus testostéroné que jamais, il n'hésite pas à accuser : «[si] en vingt mois, il y a eu 237 Français assassinés [sur notre territoire]», c'est «parce que les barbares qui nous attaquent nous croient faibles». Et de poursuivre sa croisade contre l'Etat de droit qui «n'a rien à voir avec les Tables de la Loi de Moïse». Après avoir réduit, après l'attentat de Nice, les principes constitutionnels à de simples «arguties juridiques» ne devant pas se mettre en travers de la sécurité des Français, il dénonce cette fois les «débats abscons». Notamment celui autour de l'inconstitutionnalité de l'internement administratif de fichés S non condamnés - une mesure rejetée par la plupart des dirigeants de son parti.
Eric Ciotti
Le «M. Sécurité» de Sarkozy et député des Alpes-Maritimes s'est illustré avec une proposition totalement farfelue. Il veut instaurer un «contrôle d'identité pour les membres des réseaux sociaux» avant leur inscription sur Facebook, Twitter ou encore Snapchat (sans d'ailleurs mentionner Telegram, l'application pourtant prisée par les apprentis terroristes). «Libre à lui ensuite de dialoguer avec un pseudonyme, mais si son comportement était contraire à la loi, les autorités auraient la possibilité de savoir qui se cache derrière ce compte en quelques minutes», estime Ciotti. Oubliant que les services peuvent déjà identifier les comptes anonymes soupçonnés d'être des relais de terroristes, via les adresses IP de leurs ordinateurs ou la géolocalisation. De plus, on voit mal Facebook ou Twitter accepter de négocier avec la France une telle restriction d'accès à leurs plateformes. Enfin, si une telle mesure devait être adoptée, des comptes pourraient toujours être ouverts de l'étranger afin de la contourner.
Geoffroy Didier
Benjamin des candidats putatifs à la primaire de la droite - où il n'a guère de chance de pouvoir concourir -, le protégé de Brice Hortefeux s'est distingué en proposant des tests de radicalisation «pour tout jeune scolarisé dans un collège ou lycée dont le comportement aura été identifié comme inquiétant par la communauté éducative». Pour ce test sous forme d'entretien mené par un psychologue «à titre préventif», Didier a dressé une liste de questions vagues et inquisitrices, alimentant l'amalgame et empiétant sur la liberté de circulation ou de pensée. L'histoire ne dit pas quelles seraient les bases légales de ce repérage. Une idée dans la droite ligne du Sarkozy de 2005, qui voulait soumettre les enfants à des tests de comportement dès la maternelle pour lutter contre la délinquance.