Le tribunal administratif a rejeté la demande de suspension de l'arrêté municipal interdisant certaines tenues sur les plages, rapporte Nice-Matin. Le juge des référés a rendu samedi une ordonnance dans ce sens.
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David Lisnard, le maire de Cannes avait pris cet arrêté pour interdire «un uniforme qui est le symbole de l'extrêmisme islamiste», avait-il déclaré à Nice-Matin. «J'ai pris cet arrêté parmi tant d'autres pour assurer la sécurité de ma ville dans un contexte d'état d'urgence», s'était-il justifié alors.
Le juge des référés a repris les arguments de l'arrêté, à savoir que «dans le contexte de l'état d'urgence» et des récents attentats, «les tenues de plage affichant leur religion» pourraient créer des troubles à l'ordre public, cela justifiant selon lui leur interdiction. «Le port d'une tenue vestimentaire distinctive, autre que celle d'une tenue habituelle de bain, peut en effet être interprétée comme n'étant pas, dans ce contexte, qu'un simple signe de religiosité», souligne l'ordonnance.
Le juge a par ailleurs ajouté que les dispositions de l'article 1er de la Constitution sur la laïcité «sont respectées». Dispositions «qui interdisent à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s'affranchir des règles communes régissant les relations entre collectivités publiques et particuliers», note le magistrat.
Un arrêté similaire à Villeneuve-Loubet
Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) avait porté l'affaire devant les tribunaux avec la Ligue des droits de l'homme après avoir pris connaissance de l'arrêté. En 2014, ils avaient obtenu gain de cause après l'interdiction d'accès de deux femmes voilées à la plage de Wissous (Essonne) au nom de la laïcité.
Feiza Ben Mohammed, secrétaire générale de la Fédération des musulmans du sud qui avait également contesté l'arrêté a annoncé, suite à cette décision, que l'affaire allait être portée devant le Conseil d'Etat. Me Sefen Guez Guez, avocat du CCIF, a confirmé cet appel, expliquant que «cette décision ouvre la porte à l'interdiction de tout signe religieux dans l'espace public».
Au lendemain de la polémique sur l'arrêté cannois, Lionnel Luca, député LR des Alpes-Maritimes, en profitait pour prendre le même arrêté pour les plages de Villeneuve-Loubet, dont il est maire. Là encore, la Fédération des musulmans du sud a annoncé demander son annulation devant la justice.