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Libération
Récit

Corse : une rixe violente, cinq blessés et des tensions persistantes

Rassemblement dans le quartier de Lupino, à Bastia, dimanche 14 août. (Photo Pascam Pochard. AFP)
par Diana Saliceti, (à Sisco)
publié le 14 août 2016 à 21h01

Vingt-quatre heures après les événements qui ont secoué la petite commune de Sisco, dans le cap Corse (Haute-Corse), le calme est revenu dans ce village balnéaire situé au nord de Bastia, mais des interrogations subsistent. Dimanche après-midi, au bar le Galion, les conversations tournaient principalement autour des affrontements de la veille qui se sont déroulés à dix minutes à pied de cet établissement de plage.

Samedi soir, l'altercation, qui a débuté entre une dizaine de jeunes de la commune et trois familles d'origine maghrébine, a failli tourner au drame. Le bilan est de cinq blessés. Sur les lieux, il ne reste que quelques mètres carrés de maquis calciné et certaines pierres maculées de sang. Vers 17 h 30, un groupe d'adolescents se baigne dans une crique du village, à quelques mètres d'un couple de touristes. Plus loin, des personnes d'origine maghrébine sont également venues profiter de la mer. Une des femmes se baigne vêtue et voilée, selon des témoins, alors que le touriste prend une photo. Ce qui ne plaît pas aux membres de sa famille. «Ils ont pris à partie le touriste et sa femme et leur ont jeté des pierres, raconte P., 16 ans. Alors que mon ami prenait un selfie, ces mêmes hommes nous ont menacés et sont arrivés sur nous quasi instantanément.» Puis, la situation dégénère. «Un des hommes avait une machette et a frappé à plusieurs reprises mon ami, à peine majeur.»

Très vite, des «adultes» de la commune arrivent sur les lieux. Le patron de l'établissement raconte : «Mon ami, qui est le père de la victime, a reçu une flèche de harpon dans le dos.» Jets de pierre, coups, voitures des familles incendiées, il a fallu plusieurs heures aux forces de l'ordre mobilisées en nombre pour faire retomber la tension. Cette version de l'histoire repose sur le récit des villageois, l'autre partie restant injoignable.

Dimanche, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant la mairie de Bastia avant d’être reçues à la préfecture. Elles ont ensuite pris la direction de Lupino, quartier populaire de Bastia, où résident les familles d’origine maghrébine impliquées dans l’altercation avant d’être bloquées par les policiers.