D’habitude, il ouvre le bal à gauche. Mais cette année, Arnaud Montebourg s’est fait griller la politesse par son camarade Benoît Hamon, qui a annoncé mardi sa candidature à la primaire du PS et de ses alliés les 22 et 29 janvier. Les proches de l’ancien ministre du Redressement productif ont donc été priés d’accélérer le rythme avant sa rentrée dimanche dans son fief de Frangy-en-Bresse, lors de sa traditionnelle Fête de la rose, rebaptisée «Fête populaire», sans référence au PS.
«Je n'ai pas le détail ni la formule au mot près, mais ce sera une déclaration de candidature à la présidentielle», assure le député Laurent Baumel, pour qui son champion est «mieux placé» que Hamon : «Vis-à-vis des Français, au-delà de la gauche, il a une résonance, poursuit-il. Sur le made in France, la question des institutions, ses divergences sur le plan économique…Il a une identité.» Dans son discours, Montebourg détaillera pendant plus d'une heure le contenu de son «Projet France». «On ne veut pas avoir un positionnement en marge, on sera central», explique son directeur de campagne, François Kalfon, qui souhaite le voir prendre plus d'épaisseur sur les questions républicaines et régaliennes. Mais quid du cadre de cette candidature ? Se présentera-t-il à la primaire annoncée par le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, en juin ?
«On verra le 1er décembre [date d'ouverture pour le dépôt des candidatures, ndlr] si cette primaire est loyale ou pas. Si elle ne l'est pas, je n'irai pas», confiait Montebourg en juin. Son entourage assure aujourd'hui que «la doctrine n'a pas évolué».« La primaire est un moyen d'éviter la dispersion au premier tour. Ce n'est pas une fin en soi, fait valoir Laurent Baumel. Elle doit permettre la participation du plus grand nombre.» La stratégie choisie est donc de maintenir la pression sur la direction du Parti socialiste afin d'obtenir un nombre de bureaux de vote suffisant pour que la confrontation soit non faussée.
Sinon, Montebourg peut-il sauter la case primaire ? Un responsable socialiste, qui a déjeuné avec lui avant les vacances, se dit «surpris de sa détermination». «Il m'a certifié qu'avec ou sans primaire, il irait à la présidentielle. Je pense qu'il a un accord avec les communistes pour les 500 signatures», rapporte cet élu. Pour qui, à moins d'un an de la présidentielle et sans accord avec une autre formation, il est «impossible de partir seul» à la chasse aux parrainages. «Dans ce pays, on est libre de donner ses signatures, rétorque Baumel. Le problème serait plus l'argent. Mais ce n'est pas hors de portée.»