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Valls «comprend» les maires des plages no-burkini

Burkini, une polémique françaisedossier
publié le 17 août 2016 à 20h11

Alors que huit mairies ont pris ou annoncé leur intention de prendre un arrêté anti-burkini, Manuel Valls s'est mouillé dans le débat polémique de l'été : faut-il ou non interdire ce maillot islamique ? Pour le Premier ministre, il n'y a pas à tergiverser. «Les plages, comme tout espace public, doivent être préservées des revendications religieuses», a-t-il affirmé dans une interview au quotidien la Provence.

Loin de reléguer cette tenue qui couvre le corps et la tête à «une nouvelle gamme de maillots de bain, une mode», Valls y voit «la traduction d'un projet politique, de contre-société». «Je n'accepte pas cette vision archaïque, prévient encore le Premier ministre. Il y a l'idée que, par nature, les femmes seraient impudiques, impures, qu'elles devraient donc être totalement couvertes.»

Le voilà qui n'hésite pas à approuver les arrêtés municipaux pris à Cannes, Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes) fin juillet, puis à Sisco (Haute-Corse) ou au Touquet (Pas-de-Calais) mardi et à Leucate mercredi. Valls dit en effet «comprendre les maires qui, dans ce moment de tension, ont le réflexe de chercher des solutions, d'éviter les troubles à l'ordre public». Une référence au principal motif (risque d'attroupements, d'échauffourées, etc.) que les maires avancent pour justifier la prohibition du burkini, le principe de laïcité ne suffisant pas à l'interdire dans l'espace public.

Le Premier ministre ne va pas pour autant jusqu'à souhaiter qu'on légifère sur le sujet : «La réglementation générale des prescriptions vestimentaires ne peut être une solution.» Cette prise de position est conforme à la ligne de Valls, tenant depuis toujours d'une laïcité sans concession et qui avait été l'un des rares députés socialistes à voter la loi contre le voile intégral en 2010. Mais le fait qu'il choisisse d'embrayer sur une polémique aussi inflammable peut sembler étonnant. D'autant que sa ministre chargée des Droits des femmes, Laurence Rossignol, s'était exprimée lundi. Condamnant une tenue «profondément archaïque», celle-ci s'était montrée plus réservée sur la pertinence des arrêtés municipaux et avait mis en garde contre «les arrière-pensées politiques» que pouvaient masquer ces interdictions.

Une nuance que Valls a également voulu apporter, disant soutenir ces maires «s'ils sont motivés par la volonté d'encourager le vivre ensemble sans arrière-pensée politique».