Soupçonné de préparer un attentat à Paris, un ressortissant afghan avait été assigné à résidence après une garde à vue, dont il était pourtant ressorti libre le 6 août. Le ministère de l'Intérieur a abrogé jeudi la mesure, prévue par l'état d'urgence. «Des éléments de l'enquête devaient encore être vérifiés. Ils l'ont été et sont négatifs», indique la place Beauvau à Libération, tout en refusant d'indiquer la nature de ces «éléments», ni pourquoi des vérifications complémentaires devaient être faites après une décision de justice. Pour les mêmes soupçons, l'homme, âge de 30 ans avait été interrogé par la brigade criminelle, qui l'avait mis hors de cause après vingt heures, alors qu'elle aurait pu le garder pendant six jours.
Son avocat, Me Zagury, qui s'était vivement ému de cette intervention des autorités dans le dossier, se félicite de cette abrogation : «Le ministère de l'Intérieur reconnaît l'absence totale d'éléments depuis l'origine. C'est une énorme erreur dès le début, soit dès la levée de la garde à vue. Depuis le 6 août, il était assigné à résidence sur la base de rien, sinon une dénonciation dont le caractère erroné a été établi judiciairement.» L'affaire aurait démarré avec le signalement d'une Britannique installée en France qui aurait été informée par sa famille, vivant en Afghanistan, de l'imminence d'une attaque en France. «Il y a des signaux qui montrent que, potentiellement, l'histoire peut être vraie» s'était défendue la représentante du ministère de l'Intérieur devant le tribunal administratif, saisi en urgence par l'Afghan, qui bénéficie de la protection subsidiaire. Elle ne l'était manifestement pas.