«On a l'habitude de se taire, c'est dans notre culture. Mais cette fois, il faut qu'on se fasse entendre», s'écrie dans un français approximatif Ha, 62 ans. Depuis l'agression et le meurtre de Zhang Chaolin, un père de famille de 49 ans d'origine chinoise, rue des Ecoles à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), la communauté met en place des actions pour obtenir des garanties auprès des autorités. Ce dimanche, quelques centaines de personnes étaient rassemblées pour protester contre les actes racistes dont elles sont victimes, demandant plus de sécurité dans leur ville. Pour Olivier Wang, l'un des responsables de l'Association des jeunes Chinois de France, «il est nécessaire de mettre en place des actions concrètes pour lutter contre ces agressions. Plus de policiers, et plus de caméras».
Dans le cortège, constitué essentiellement de manifestants d'origine chinoise, des drapeaux tricolores et des tee-shirts sur lesquels il est inscrit «sécurité, liberté, égalité, fraternité». Lorsqu'on les interroge, beaucoup racontent des histoires d'agression dont ils ont été victimes, ou dont ils ont eu écho. Ha en a vécu une récemment : «Ils m'ont tapé et volé mon téléphone portable. Il faut que cette violence cesse.» Marcel, 18 ans : «J'ai été témoin plusieurs fois d'agressions contre des Asiatiques. Maintenant, lorsqu'on sort, il faut surveiller l'heure, ne pas rentrer tard, et les filles ne prennent pas de sac.» Annie, qui n'est pas issue de la communauté, est venue apporter son soutien : «J'ai été témoin deux fois d'agressions qui visaient des Chinois à Aubervilliers. Ici, ça fait un moment que ça dure. Les gens doivent se dire qu'ils sont des cibles faciles parce qu'ils imaginent que les Chinois ont souvent du liquide sur eux. Je suis venue là pour les soutenir, pour qu'ils ne soient pas isolés et que leur situation ne soit pas passée sous silence.»
En fin de cortège, la maire d'Aubervilliers (PCF), Mériem Derkaoui : «C'est bien qu'ils montrent qu'ils sont capables de donner de la voix. Il faut que le ministère de l'Intérieur se saisisse du problème, qu'il y ait des renforts de policiers à Aubervilliers. Qu'on organise une manifestation place Beauvau.» Puis, se tournant vers une Asiatique avec une balafre à l'œil, elle lance : «C'est une femme qui s'est fait agresser à Neuilly-sur-Seine. Comme quoi, ça arrive aussi dans les villes qui ont de l'argent.»
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