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Libération
Éditorial

Trop-plein

Arnaud Montebourg et Laurent Baumel à la Fête de la rose rebaptisée «Fête populaire», ce dimanche à Frangy-en-Bresse. (Photo Albert Facelly pour Libération)
publié le 21 août 2016 à 20h51

Le bon discours d’Arnaud Montebourg à Frangy suscite dans le même mouvement un espoir et une inquiétude. Un espoir : celui d’un débat sérieux à gauche. Voilà un homme de talent, animé par une conviction fervente et qui a la légitimité de son ambition. Ses propositions sont réfléchies et audacieuses à la fois, entre volontarisme et réalisme, industrialisme et écologie, nation et Europe et, pour ceux qui aiment les références historiques, entre Chevènement et Rocard. Le défi qu’il lance à François Hollande obligera le Président à s’expliquer devant ses électeurs de 2012 et à décider en toute conscience, au terme d’un débat sans détour, de son rôle futur.

L’inquiétude, pourtant, se fait jour. Montebourg une fois en lice, il y a désormais huit candidats de gauche à l’élection présidentielle. On craint parfois le vide des idées à gauche. On peut en discuter. Le trop-plein des concurrents, lui, crève les yeux. En ordre aussi dispersé au premier tour, cette gauche puzzle est assurée de disparaître au second. Ainsi, ceux qui veulent une gauche plus à gauche en la divisant devront choisir entre deux droites plus à droite.

A ce dilemme, il y avait une solution : une primaire de toutes les gauches, socialiste, écologique, communiste, radicale. Celle dont Libération avait soutenu le projet en janvier. Les Verts en ont décidé autrement. Fidèles à la diversité végétale, ils ont choisi une primaire bonsaï, dans laquelle ils se disputeront un mini-électorat. Lienemann, Hamon et Filoche jouent le jeu de la présélection et de l'unité finale. Mais Macron d'un côté, les communistes de l'autre, laissent planer l'ambiguïté. Arnaud Montebourg rendrait service à toute la gauche s'il mettait son talent au service d'une primaire que le bon sens stratégique impose. Alors le puzzle de la gauche aurait une chance, après une légitime empoignade, de se reconstituer.